mercredi 28 octobre 2015, par
On a souvent eu à déplorer que des groupes devenaient moins intéressants quand ils voulaient toucher un public plus large. Cela n’a jamais été le cas de Beirut, donc l’inspiration et la direction n’a jamais l’air d’avoir été influencées par une popularité croissante. C’est le public qui est venu à eux, pas le contraire.
On peut comprendre aussi la volonté de ne pas se laisser réduire au gimmick du ‘groupe avec une fanfare balkanique’. Certes, c’est ce qu’on entendait le plus chez eux, mais ils ont su élargir leur enveloppe. Notamment en ouvrant la composition et la réalisation à d’autres talents. La présence d’Owen Pallett sur The Flying Club Cup était une grande idée qui a donné leur meilleur album.
Relocalisé à Istanbul avec sa nouvelle compagne et après avoir succombé à une tournée trop longue, Zach Condon semble en tous cas décidé à dépouiller la musique de Beirut de ses oripeaux caractéristiques. Pourquoi pas donc. Il avait déjà tenté de façon un rien calamiteuse à ajouter de l’électronique par le passé, ce n’est pas cette voie qu’il tente ici puisque c’est souvent le piano qui donne le ton. Leurs qualités n’ont pas disparu, certes, mais il ne s’en sont pas découvertes de nouvelles non plus.
Il arrive à mettre une pulsation là-dedans (No No No) et oui, c’est bien agréable. Il faut attendre la fin du morceau pour voir débouler des cuivres qui installent une mélancolie tenace et encore, ils ne tiennent pas les premiers rangs. On savait qu’il pouvait faire ça, de Nantesà Vagabond. Mais on les sent un peu impuissants à susciter l’émotion supérieure, celle qui peut bouleverser le temps de l’insurpassable Postcards From Italy. Il y a évidemment de bonnes choses (At Once) mais une certaine uniformité guette sur ce disque.
As Needed est carrément un instrumental qui repose sur un ensemble piano/cordes. Avec un peu d’imagination, il aurait tout à fait sa place sur un album des Tindersticks. Mais bon, le groupe anglais manipule ce genre de morceau avec beaucoup plus de subtilité et de compétence (surtout sur scène).
No No No est un disque né d’une grosse fatigue, d’une envie manifeste d’autre chose. On respecte énormément Zach Condon pour avoir toujours suivi son instinct d’artiste plutôt que la facilité que son succès lui permettrait mais force est aussi de constater que les limites du groupe semblent plus visibles maintenant qu’ils s’aventurent hors de leur zone de confort. On est en tous cas assez curieux de voir quel léger revirement il nous prépare immanquablement pour la suite.
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