vendredi 20 novembre 2015, par
Il y a des albums comme ça, qui nous font revenir en arrière. Avec Utro, je ne suis plus sur un site sur lequel j’écris depuis 12 ans. Non, nous sommes en 1993 et je publie dans un fanzine photocopié à 23 exemplaires. Evidemment, c’est trop personnel, mais j’ai retrouvé la fascination que m’inspirait Vágtázó Halottkémek, groupe culte maintenant oublié mais qui a fait les belles heures de l’undergroud des nineties. Bref, m’a fait replonger bien en arrière, quand sévissaient des groupes comme Les Halmas aussi. Désolé pour ces références opaques, mais c’est ce que ma mémoire me propose de plus proche
Je dois avouer que je n’ai qu’une connaissance superficielle de Motorama. Mais j’en sais suffisamment pour dire que ce n’est pas trop éloigné de ceci. De plus, les deux formations sont représentées par les toujours excellents Talitres. La différence la plus patente étant l’usage de la langue anglaise et la voix plus planquée dans le mix. L’effet est donc bien plus cold, plus mécanique. De plus, si la composition du groupe est presque identique, l’emploi de la langue russe constitue la principale différence.
C’est un fait qui déroute souvent les anglophones. Ils ne se rendent pas trop compte que si leur musique a conquis le monde, peu de monde au final ne prête trop d’attention à ce dont parlent leur chansons. L’obstacle de la langue n’en est jamais vraiment un en musique et si Alina Orlova s’exprime mieux en Lituanien, c’est comme ça qu’on a envie de l’entendre. Et puis le Russe colle bien à l’atmosphère de ces morceaux.
Utro nous propose donc un post-punk mécanique à la mode russe, où l’humanité de la voix (qui beugle même parfois au détour de Pitka) vient réchauffer un ensemble assez cold, utilisant quelques recettes éprouvées comme le flange sur la basse, ce qu’on entendait chez le désormais classique Faith de The Cure.
Parfois même, on croit entendre une version slave et pleine de basse de Wire(Otrava). Comme Motorama, le groupe joue beaucoup sur la répétition pour susciter une transe mécanique. Heureusement, cet album est suffisamment court pour que ça ne mène jamais à la lassitude.
J’imagine qu’il y a un public potentiel plus large que le quasi quadra ayant voulu fuir l’eurodance et le grunge il y a un quart de siècle. J’ose espérer que cette musique tient toute seule, libre de références. Si l’expérience d’un post-punk dans la langue de Tchekhov vous tente, voici une occasion à ne pas manquer.
http://www.talitres.com/fr/artistes/utro-utro.html
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)
Un piano, une voix, voilà ce qui constitue le gros de ce premier album de l’Italien Michele Ducci. Mais il ne fait pas s’y tromper, celui qui était la moitié du groupe electro-pop M+A offre sur cette base un bel album d’une richesse réelle. Et surtout, on capte au passage quelques fort beaux morceaux.
Notre préférence va sans doute à la simplicité de River qui frappe juste, ou alors au sol (…)
Si après 15 années de Beak> et 5 albums, Geoff Barrow est toujours considéré comme ’le mec de Portishead’, que dire de Beth Gibbons qui s’est effacée de la vie publique depuis tant d’années ? Cette sortie a donc autant surpris qu’enchanté.
Fort heureusement, musicalement, ce Lives Outgrown ne tente pas de souffler sur les braises du trip-hop. Et c’est intentionnel. Le résultat est donc moins (…)