vendredi 22 janvier 2016, par
Il y aura donc les critiques d’avant et les critiques d’après, celles qui ne peuvent fatalement pas faire l’impasse sur le décès de l’immense artiste. Comme la nécro n’est pas mon domaine, on ne va pas faire semblant qu’on est avant le 11 janvier, mais on va faire comme si ce n’était pas un titre posthume, tout en sachant que c’est impossible, qu’on ne réécoutera plus jamais cet album de la même façon, même si on avait décelé tout de suite qu’il était un beau cadeau. Critique au présent donc, comme pour conjurer le sort par un léger déni.
On a envie d’être fascinés de temps à autres et on aime aimer nos idoles. Ne plus rien avoir à prouver peut avoir deux conséquences et ses deux derniers albums en sont deux illustrations opposées, pour le meilleur et pour le pire. J’avais outrepassé le concept de critique pour livrer ce qui ressemblait plus à un billet d’humeur sur l’album précédent parce que je n’avais à l’époque décelé que des signes, que des gimmicks qui montraient que c’était bien lui mais pas assez de grands morceaux pour les incarner, pour donner une identité à un album vite noyé dans son il est vrai immense discographie.
Il avait à l’époque pris tout le monde de court, et c’est surtout sur cet aspect-là que le buzz s’est fait et est retombé bien vite.. Retour aux bonnes vieilles méthodes ici. Un single pas du tout radiophonique au clip trippant, une date de sortie et une attente mondiale.
Disons-le aussi, je n’avais plus à ce point apprécié Bowie sur un album récent depuis, disons, Outside même si Heathen tient toujours bien le choc des années. On l’avait senti dès Blackstar qui est même pour lui inhabituellement long. Il a dû le raccourcir à 10 minutes pour qu’il puisse toujours être considéré comme un morceau et non un EP. Mais il aurait pu être scindé puisqu’il présente plusieurs faces distinctes. Mais c’est bien accessoire, il y prouve surtout qu’il peut se lancer dans une entreprise pareille et la réussir sans possibilité de contestation. Le clip étrange renforce la sensation de malaise que confère aussi sa voix triturée. Voix qui montre qu’il ne chantait comme personne. Et puis ce saxo malade, ces coups de batterie quand le morceau bascule, c’est le genre de morceau immense qu’on avait abdiqué encore entendre de sa part.
Mais Blackstar ne s’arrête pas là. Sue (Or In a Season of Crime) ressuscite cette veine plus énervée de la rythmique qui reçoit le renfort de James Murphy (LCD Soundsystem), tout comme Girl Loves Me. ‘Tis A Pity She’s A Whore a une insistance qui devient lancinante. Et puis il y a ce saxophone, assez ‘free’, lui qui en avait déjà fait un usage plus cliquant. C’est plus qu’un gimmick, c’est un point d’articulation. Il a toujours su s’entourer d’excellents musiciens et c’est encore le cas ici.
Outre les inévitables et nombreux clins d’œil et références à son riche passé, d’autres noms viennent en tête. On se surprend donc à pense au Cure de Seventeen seconds au début et à la fin de Lazarus, grand morceau languide. Même s’il faut attendre la seconde partie pour que ça percole vraiment. Et même quand Girl Loves Me prend plus de temps pour capter l’attention, il y prouve à quel point il peut chanter. Ce qu’un certain Jonathan Meiburg (un des meilleurs chanteurs contemporains sans doute) avait déjà bien analysé ici.
De la liberté comme on l’aime, de la compétence comme on l’apprécie, du talent comme personne ne le conteste, il y a tout ça sur Blackstar, point final magnifique et poignant d’un artiste qui nous manque d’ores et déjà énormément.
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