lundi 22 février 2016, par
Ce n’est pas une condition suffisante et encore moins nécessaire pour être un grand groupe, mais on ne peut s’empêcher de constater que les membres des formations les plus excitantes de ces dernières années ont une furieuse tendance à exprimer leur créativité en dehors de leur camp de base. Les cas de Radiohead ou Arcade Fire sont assez éclairants à ce propos.
The National est aussi un groupe dont la stature augmente album après album. On pourrait penser que le corolaire serait un recentrement sur une formation qui a un succès indéniable, c’est le contraire qui se produit. Qui plus est, les projets ne sont jamais de petites collaborations ou de brefs défoulements, ils produisent de vrais albums, parfois même magnifiques. On avait déjà parlé de ce que Bryce Dressner avait fait sur Clogs (entrainant son frère Aaron Dressner et Matt Berninger) et à quel point c’était beau, on vous a dit le bien qu’on pensait d’EL VY formé par Matt Berninger et Brent Knopf, voici un autre projet qui est publié sur 4AD.
Formé par les frères Scott et Bryan Devendorf, soit la section rythmique de The National et de Ben Lanz qu’on a croisé avec The National, Beirut ou Sufjan Stevens, LNZNDRF (ça se prononce Lanzendorf, ces gens ont un problème de voyelles) vient de sortir son premier album qu’ils défendent actuellement sur la route. S’il ne se hisse pas au niveau des deux collaborations précitées, il y a bien des raisons de se pencher sur leur cas. Parce que même s’il est compliqué lors d’une écoute à l’aveugle de déceler l’origine des membres, ils ont emporté avec eux une épaisseur de son qui est d’emblée manifeste. Les morceaux de The National sont en effet toujours plus complexes qu’ils n’en ont l’air, notamment grâce au boulot inattaquable des frères Devendorf.
Future You est un instrumental dense, un peu dans la veine de ce que proposaient des formations comme Holy Fuck. Donc pas vraiment du post-rock. La voix ne déboule que sur le second morceau et apporte un vrai plus. Certes, ils n’ont pas en leur rang un vocaliste de la trempe de Berninger mais il y a de l’intensité tout de même sur Beneath The Black Sea qui peut rappeler que New Order aussi se lançait dans de longues digressions musicales. C’est le son de basse qui y fait penser, un peu. On est moins client de l’autotune sur Monument, on préfère nettement quand la majesté rappelle les cieux d’orage des Besnard Lakes (Mt Storm).
Du rock instrumental pas trop lymphatique finit toujours par évoquer le krautrock à un moment ou l’autre et on y songe sur le dernier morceau qui se présente comme une longue progression qui ne s’épargne même pas un peu de bruitisme.
Rien ne remplace la compétence, c’est une vérité à méditer pour ceux qui espèrent qu’on trouvera du charme à leur maladresse. Et les trois comparses qui ont fondé ce groupe peut-être pas si éphémère sont là pour le rappeler et présenter un résultat est solide, charpenté et non dénué de fantaisie.
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)
On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)
Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)
Ça fait belle lurette que le style de John Grant a évolué, et on ne cherche plus depuis longtemps des traces de son fantastique Queen of Denmark. Mais on sait aussi que ce qu’on a aimé à l’époque se trouve toujours sous une forme différente. On le découvre au détour du son profond de Marbles par exemple.
Triturer sa voix est un choix étrange quand on sait à quel point c’est un de ses atouts (…)