vendredi 18 mars 2016, par
Parler de retour d’Underworld est toujours un peu difficile. Parce que si les albums s’espacent, le duo anglais formé de Karl Hyde et Rick Smith a toujours continué une activité, notamment dans les musiques de films de Danny Boyle et les rééditions des albums qui leur ont valu la célébrité.
Mais il y a fort à parier que les personnes qui se munissent d’un ticket pour leur tournée ne le sont pas grâce au souvenir énamouré de l’album Barking sorti en 2010… D’ailleurs, il est étrange de constater que si les deux sorties précédentes étaient passées presque complètement inaperçues, celle-ci jouit d’une flatteuse réputation un peu compliquée à comprendre au fil de l’écoute.
En 20 ans, bien des choses se sont passées, on a ingurgité des tonnes de de bonnes choses, trouvé nos doses d’adrénaline aussi bien chez Fuck Buttons que chez Stephan Bodzin ou Vitalic. Donc on ne les a clairement pas attendus mais on est toujours curieux de voir ce qu’ils proposent. Première constatation, leur son est toujours aussi reconnaissable, enveloppant et ils arrivent à éviter les marqueurs trop évidents qui ne seraient que des gimmicks cache-misère. Ils ne s’imposent pas non plus les giclées d’adrénaline qui ont pu rendre nombre de leurs morceaux inoubliables.
Certes, il reste quelques traces de montée sur Low Burn ou If Rah mais d’une manière générale, ces trop longs morceaux (l’interminable I Exhale fait 8’12’’ sur album, pas les 3’36" de la version ci-dessous) sont fort linéaires et souvent répétitifs. Ils ne proposent donc plus les belles montées, l’adrénaline de dancefloor. Fort bien, voyons ce qu’ils nous présentent à la place. Comme leurs contemporains sensiblement moins finauds de Faithless, ils ont la langue bien pendue, la noyant souvent de vocoder (Ova Nova). On a beau nous dire que ce sont de poignantes chansons d’amour, ce n’est pas la forme optimale pour l’exprimer si vous voulez notre avis.
Santiago Cuarto avec ses sons de kora synthétique pourrait fonctionner s’il y avait une tension à faire retomber mais en tant qu’intermède entre deux morceaux pas dingues, il accentue le sentiment de dilution. Nylon Strung quant à lui ressemble à un morceau de Gui Boratto qui serait parti chercher un café
Il fallait un prétexte crédible pour repartir en tournée et il ne faut pas voir d’autre justification à l’existence de cet album qui n’ajoutera rien à la légende de ce groupe. En tant qu’album donc, il distille un léger ennui relativement constant que leur manifeste savoir-faire ne fait jamais décoller. Certes, leur indéniable sens du son nous permet de revenir vers cet album plus que sur ses deux prédécesseurs, mais il ne présente pas assez de moments suffisamment forts pour nous ramener 20 ans en arrière.
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