lundi 9 mai 2016, par
Ne pas attendre un événement est sans doute la meilleure façon de se laisser agréablement surprendre. Robin Propper-Shepard n’est pas à proprement parler un artiste prolifique. Il serait même une caricature du contraire. Pour prendre un exemple, depuis le dernier album de Sophia en 2009, Spencer Krug a publié 7 disques… Pourtant, en entendant un morceau brillant il y deux ans, on s’était fait à l’idée que Sophia pourrait être de retour, après tout.
Et Robin Propper-Shepard revient, en effet. Les trois titres disponibles avaient confirmé la nouvelle, et on entre dans ce sixième album studio par un instrumental mélancolique mais pas désespéré. C’est peu sans doute mais est tout de même une note d’espoir d’autre chose, de variété. Ce qui ne change pas par contre, c’est son sens de la psalmodie. Il n’y a que quelques phrases de texte par chanson, et ce depuis toujours. Pas de métaphores cryptiques, c’est toujours très franc et direct, souvent désarmant d’ailleurs. Ce peu de paroles gagne avec la répétition, devenant une sorte de mantra dépressif et plein d’espoir à la fois.
Il y a de grosses guitares dès Resisting, morceau déjà lâché il y a quelques semaines et qui avait déjà bien fait saliver. C’est linéaire, certes, mais indéniablement efficace. On rappellera qu’on avait noté le nom de Robin sur les notes du dernier Mogwai. C’est donc simple et plutôt irrésistible.
I don’t know why we’re always resisting
Or what we’re even kicking against…
The Drifter est une chanson plus classique, une balade en mid-tempo qu’on attend de sa part tant on en a entendu sur ses deux derniers albums. Le gimmick de piano n’en est pas moins impeccable, tout comme la guitare. Pas de doute, il arrive à ne pas faire ce qu’il sait en moins bien. Et il faut le dire, c’est souvent mieux qu’avant. Dans le détail tout d’abord, parce qu’on sent que ces arpèges derrière Blame indiquent une densification.
And it’s Ok I take the blame
I’ve made enough mistakes for the both of us
Et puis dans l’ensemble, parce que même ce qui est moins marquant une fois isolé de l’album prend plus de relief dans le contexte d’un disque varié. Le plus pop California marque ainsi un retour plutôt amer sur sa Californie natale, lui qui a vraiment embrassé la mentalité européenne et vit d’ailleurs partiellement à Bruxelles où il compte pas mal de fans.
Don’t Ask
What you don’t wanna know
Baby, Hold On reste le seul morceau purement acoustique et il prend alors plus d’ampleur, surtout entre You Say It’s Alright qui pourrait être une relecture personnelle de ce qu’est la dream-pop (You say it’s alright but I know it’s not alright at all) et un somptueux It’s Easy To be Lonely qu’on chérit depuis plus de deux ans. Ce dernier morceau est donc la porte de sortie rêvée, un de ces morceaux qu’on a déjà fait passer des dizaines de fois sans qu’il ne perde une miette de sa force d’impact. Une fois encore, cette répétition fervente, bientôt appuyée par un chœur, fait mouche à chaque fois.
It’s easy to be lonely
And it’s easy to be sad
And it’s easy to let go
And it’s easy to be glad
When another chance to change is avoided
Decisions left unmade
We’re the sum of our choices
And the mistakes that we make
Le temps très long apporte bien du recul et il faut aussi englober la discographie de God Machine pour prendre toute la mesure de cet album certes destiné à des fans mais qui peut aussi s’imposer comme celui de la découverte pour bien des auditeurs. C’est tout ce qu’on espère parce que les grands albums sont plus qu’une succession de bonnes chansons, ils présentent aussi une cohérence qui impose l’écoute intégrale. Même s’il est un de nos héros depuis 20 ans, son légendaire poil dans la main ne l’a pas lâché. Mais il serait de très mauvais ton de bouder son plaisir à l’écoute d’un album puissant et varié qui s’impose peut-être comme son meilleur.
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