lundi 20 juin 2016, par
Vous n’en avez peut-être pas rêvé mais ils l’ont fait quand même. Minor Victories est donc la conjonction des talents de Rachel Goswell (Slowdive), Stuart Braithwaite (Mogwai) et Justin Lockey (Editors), plus son frère James Lockey à la basse. Sans doute qu’on ne peut pas les considérer comme de vraies stars en dépit du statut de leurs groupes respectifs, aussi se gardera-t-on de parler tout de suite de supergroupe.
Side-project multiple est sans doute plus exact, surtout que les protagonistes avouent n’avoir pas vraiment enregistré ensemble. Ce qui est paradoxal tant Minor Victories semble aller dans une seule direction sans se disperser.
Le son est évidemment la première chose qu’on remarque, plus que les ébouriffants talents vocaux ou mélodiques. La voix de Rachel Goswell est d’ailleurs fort peu spectaculaire, poussée fort haut et discrète dans le mix. C’est plus qu’une règle, c’est carrément un poncif et on s’y plie de bonne grâce, surtout que le public auquel se destine cet album sait exactement ce qu’il est venu chercher. Seule la présence de Mark Kozelek (Sun Kil Moon) sur un For You Always pertinemment relevé de cloches vient briser le schéma préétabli. Parfois d’ailleurs, la mélodie semble tout droit débouler d’une antique compile des nineties (Scattered Ashes). Ceci dit Out of Sea pourrait même se passer de chant tant il apporte peu à ce morceau pratiquement post-rock et dense qui explose comme les bons Mono. On apprécie bien évidemment.
Les moyens peuvent varier, certes, mais le résultat est assez remarquable de constance. Dans le détail, A Hundred Ropes peut s’appuyer sur des synthés ou plus de cordes qui aèrent le propos et donne une jolie patine à cette musique plus pop qu’elle n’ose l’avouer. Ce sont ces cordes qui rendent Breaking My Light aussi languide. Et si certains morceaux sont plus percutants, ce n’est pas parce que la mélodie est marquante ou que le tempo s’envole, mais parce que le son est plus dense (Folk Arp, Cogs). D’ailleurs ce n’est pas vraiment de la musique à écouter en sourdine. Pas question de vous fâcher avec votre voisinage ou mettre vos tympans en danger pour autant, mais ces structures ont besoin d’un peu de volume (un peu, hein…) pour s’exprimer.
Mais l’uniformité ne guette pas vraiment. En musiciens roublards et expérimentés qu’ils sont, ils ont séquencé cet album qui progresse vers des morceaux moins alanguis et puis épais, repoussant les poussées de fièvre en fin d’album, une fois l’ambiance bien établie. Non, la lenteur ne pouvait pas leur faire peur et l’embrasement final d’un Higher Hopes qui commence par un piano apaisé est inévitable, bien heureusement serait-on tenté de dire.
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