lundi 5 septembre 2016, par
Tout le monde change. Miossec change et nous aussi. On a depuis longtemps compris qu’il ne se complairait pas dans la pose du rebelle alcoolisé mais repentant. Ce n’est pas une trahison, jouer ce rôle serait pathétique, une sorte d’Indochine de la bibine. On nous l’a fait tellement souvent, le coup du Miossec apaisé, que c’est devenu une évidence, un fait avéré. Et puis petit à petit, album après album, c’est une sacrée discographie qu’il se constitue.
Son entrain est maintenant différent, a un autre but que l’imprécation. Evidemment, c’est moins propice au hurlement éthylique qu’ « elle n’était même pas belle/Elle était même un peu conne"etc…) mais On y Va donne le ton de bien belle façon, vers l’avant, vers le futur.Il y avait de la bravade sur ses premiers albums, une envie de beugler son dégoût dans une pulsion vitale mais il faut être honnête aussi, ça ne nous manque pas, parce qu’on a changé autant que lui. Le Roi semble retrouver la veine de la déchéance en quête de rédemption, mais le ton est plus distancié, on est au calme, pas à la sortie du café.
La Vie Vole est tout de même une chanson presque optimiste, et Après Nous Les Mouches une chanson dont la rage contenue fait mouche. On trouve évidemment quelques-unes de ses marottes comme l’animalité de l’être humain. Et puis il n’a pas son pareil pour calmer le jeu, jouer d’une intimité non feinte sur le très beau La Nuit Est Bleue.
En concert, il est accompagné d’un excellent groupe, et c’est sans doute celui qu’on retrouve ici, et ils arrivent à donner à chaque fois une coloration différente. Un peu d’accordéon, des chœurs, du violon font de ce Mammifères un bel objet nullement passéiste, qui semble taillé pour résister au temps. Les deux premiers albums secs sous la houlette de Guillaume Jouant (ce qui collait parfaitement au propos) semblent un peu loin maintenant. Ce qui nous vaut quelques moments de bravoure comme la fin de L’Innocence et un joli Cascadeur. Bon, il y a une chanson sur son père qui fait écho à celle sur sa mère (voire à celle sur son fils). Je crois qu’on est au complet, là.
On se sent vieillir et grandir avec les albums de Miossec. On a suivi des chemins parallèles, fort éloignés en somme mais on n’a jamais voulu prendre assez de distance pour perdre cet artiste essentiel de vue.
http://www.christophemiossec.com/
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