mercredi 5 octobre 2016, par
Le meilleur pâtissier
Il est des artistes dont la réputation dépasse de loin la discographie récente. Certes, tous les fans ne sont pas des quadragénaires qui ont encadré les pochettes de Promenade et Liberator, mais ils ne sont sans doute pas dans le contingent de chasseurs de Pokemons non plus… Reconnaissons tout de même à Neil Hannon un souci de changement tout en ne reniant jamais son goût pour une pop symphonique qu’on a perdu l’habitude d’entendre. Difficile donc de succomber à tout, et si certaines de ses chansons font l’unanimité comme le parfait Our Mutual Friend, l’auditeur s’éloigne ou se rapproche en fonction de sa sensibilité et de son humeur.
Donc rapprochement il y a eu et j’oserais même imaginer que je ne suis pas seul dans le cas. Parce que cet album qui commence par un engageant Napoleon Complex présente un certain équilibre. On ne peut pas dire que les délires tardifs de Beatles ou cette tradition bien anglaise de la pop symphonique soient le genre le plus goûté de la maison mais une fois qu’on s’est replongé dans cet univers (plusieurs écoutes ont été nécessaires je l’avoue) on peut à nouveau retrouver le goût de la sucrerie. La variété de l’album aide il faut dire, comme une balade en pays inconnu qui redevient familier au fur et à mesure des pas.
Pour que le sucre des riches orchestrations passe, il faut bien évidemment des mélodies et on peut dire qu’il s’est vraiment appliqué de ce côté-là, apportant de la verve à Catherine The Great comme de la classieuse mélancolie à Foreverland. Ces deux morceaux montrent aussi qu’il peut assurer l’anecdote amusante ou l’émotion sincère. Tout comme il peut passer de la fantaisie du duo Funny Peculiar à l’élégance de To The Rescue.
Il se lance dedans comme dans morceau pop et puis son kitsch potentiel se fait grandeur et bon, c’est aussi ce qu’on est venus chercher. Encore une fois, il faut une maestria dingue et un sérieux de tous les instants pour réussir ça. Et ça réclame aussi un peu de connivence avec l’auditeur, certains passages de Catherine The Great sont quand même à la lisière du générique seventies.
Mais il reste lucide, restant bref dans les moments les plus déroutants comme le mambo de Desperate Man ou le très court Other People. Non, I Joined The Foreign Legion n’est pas trop moderne dans sa forme mais seul lui et sa grande voix peut se lancer sans trop de dommages là-dedans.
Le plaisir d’écoute de The Divine Comedy est forcément coupable, parce qu’entre la classe de l’Irlandais du Nord et le kitsch irrémédiable, la différence est ténue et on l’a déjà vu si souvent s’égarer dans le second. Mais cette douceur parfaitement enrobée nous enchante pour la première fois à ce niveau depuis au moins vingt ans.
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