Accueil > Critiques > 2016

Wilco - Schmilco

mercredi 19 octobre 2016, par marc


Il est des groupes qui nous sembleront toujours proches et familiers. Si on n’attend plus fébrilement leurs sorties d’ailleurs peu médiatisées, on sait que c’est un détour par chez nous qui nous attend. Ou plutôt par chez lui, Jeff Tweedy ayant pris l’habitude de traiter de l’intime. Et ce dixième albumpousse encore plus loin cette envie, celle d’un presque quinquagénaire qui se penche sur son passé et son pays, et se pose en prolongement de ce qu’il a fait récemment avec son fils sous le nom de Tweedy.

Et on ne peut pas dire qu’il ait un souvenir uniformément ému de sa jeunesse en Amérique. Ce qui tranche avec des évocations d’enfance presque toujours teintées de bienveillante nostalgie. Ce n’est pas ce qui transpire de Normal American Kids ou If I Ever Was A Child.
Always hating normal American empty summer days
Lightning crazed and cracked like an egg
High behind the garden shed
Painting myself as a normal American kid
I always hated it (Normal American Kids)

I slump behind my brain
A haunted stain never fades
I hunt for the kind of pain I can take (If I Ever Was A Child)

Le plus savoureux c’est que ces paroles qui frappent juste se proposent en contrepoint d’une certaine douceur dont ils ne se départissent presque jamais. Le charme est une composante essentielle et assez difficile à définir du charme qui nous lie à cette formation. Pourtant, ces morceaux ne sont pas plaintifs, que du contraire même pour Cry All Day (Cry all night/Cry all day…) comme pour signifier que ces blessures d’enfance appartiennent au passé. Seul Common Sense est plus tordu, emberlificoté presque dans ses propres entrelacs de guitares acides. Et Locator est toutes proportions gardées plus dense et sombre. La diction cool et un son d’orgue ramènent à une version adoucie de vieux Dylan (We Aren’t The world)

Schmilco est un album qui attendait son heure. Les premières écoutes n’atteignaient pas le niveau de gratification attendu. On avait déjà été un peu déçus par le passé, rien de grave non plus, ça n’écornait pas l’attachement. Leur talent est simplement plus enfoui, mais il est indéniablement là. Pourtant, comme l’avoue Jeff Tweedy (mais on n’est pas obligés de le croire sur parole non plus) :

Well, I don’t know how it works
So I just say goodbye (Just Say Goodbye)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • HEALTH - RAT WARS

    Même après des années passées à autre chose (des musiques de film, des versions disco), la puissance de feu d’HEALTH a laissé une trace manifeste. Mais il a fallu un rabatteur de qualité pour qu’on ne passe pas à côté de cet album. Le souvenir bien qu’ancien était toujours cuisant et on retrouve le trio avec un plaisir certain.
    Ils ont collaboré avec Nine Inch Nails ou Xiu Xiu et ces cousinages semblent (...)

  • Beirut – Hadsel

    Bien honnêtement, quand on a découvert Beirut en 2006, on ne se doutait pas qu’on allait suivre le jeune Zach Condon pendant plus de 17 ans. Cette musique fortement influencée par les fanfares balkaniques a suscité d’emblée l’intérêt mais le procédé semblait trop étriqué pour s’inscrire dans la longueur. On avait tort, forcément, et ceci en est un nouveau rappel.
    En première écoute, ce Hadsel est plutôt en (...)

  • Animal Collective – Isn’t It Now ?

    A une époque où la modernité n’est plus une vertu cardinale, il peut être étonnant de retrouver cette conjonction de talents (Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist) aussi en forme après près d’un quart de siècle d’existence. Avec Time Skiffs, on pouvait clairement parler d’une nouvelle période pour le groupe, un revirement vers plus de musique ‘figurative’ par opposition aux brillants collages (...)

  • Caleb Nichols - Let’s Look Back

    L’artiste qui aura fait le plus parler de lui en 16 mois est un prix qui ne rapporte rien sinon des critiques multiples et sans doute un peu de confusion de la part d’un lectorat débordé. Bref, après avoir pris congé de Soft People, l’actif Caleb nous a donné un album un opéra rock Beatles queer puis deux EP qui mélangeaient chansons et poèmes autour du personnage semi-autobiographique de Chantal. Sa (...)