jeudi 2 février 2017, par
Les groupes du jour ont beaucoup de points communs. Une origine italienne (parfois partielle), une musique instrumentale qui ne renie pas les voix pour autant. Ah oui, c’est distribué par les fouineurs aguerris de Five Roses press
Le son du duo formé de Francesco Cassino et Nicola Nesi est plutôt épais (We Leave), privilégiant la tension. Textures in Pectore est assez proche d’un post-rock placide au son compact. Par contre, quand il y a un chant, il n’est pas du tout plaqué sur des morceaux post-rock. Leica est à ce titre plus langoureux, seule la rythmique plus franche le rattache au reste de l’album. Et puis la seconde partie part sur de l’électronique pure. C’est aussi une bonne idée de l’accoler au plus rentre-dedans Overrated qui semble utiliser la même progression d’accords pour un résultat plus hypnotique.
Ils n’oublient pas de jouer sur les densifications de guitare (Don’t change for Me), les changements de rythme avec des bribes de voix pour le plus électronique Timeless Room et sur une déclamation en Italien sur Delplace. On le voit, un bel étalage de moyens pour un album solide et varié.
BeWider pratique aussi une musique tendue, au tempo lymphatique mais marqué, aux voix discrètes et vocodées. Le premier morceau pourrait figurer sur la maintenant fameuse BO de Drive. Le clavier clair est mis en avant, ce qui correspond à une manière de faire assez ancienne, donc quand on parlait encore de ‘synthétiseur’ plutôt que d’electro. Le son est lui un peu plus actuel que ce qu’on entendait chez Jean-Michel Jarre.
Avec du chant féminin, Beneath The Sky est tout de suite plus langoureux. On pense à une version alanguie d’Au Revoir Simone pour fixer les idées et cette douceur apporte un bel équilibre à l’album. On aime aussi la façon avec laquelle Woods étale sa montée, ne brusquant pas le déluge sonore annoncé par des sons bien vintage. La belle densité de Dust Orbs est une sorte de dream-pop majestueuse quand la dernière plage Evolve est assez rêveuse. De quoi bien clôturer un album qui supporte sans broncher les hautes rotations.
Encore un duo (Francesco Lurgo et Enrico Dutto), basé à Turin. Celui-ci présente un séquencement judicieux. Le premier morceau est en effet une longue introduction plutôt calme avant de monter sensiblement. On est ici assez post-rock dans l’esprit et le résultat. On pourra penser à 65 Days of Staticdont on ne retrouve pas forcément le côté percussif.
Ils privilégient en effet de belles choses mêlant fougue et mélancolie, faisant la part belles aux textures (Aborter).La voix qui sussure en Italien est celle de Daniele Brusaschetto sur Pinzimonio et si l’effet est un peu moins prononcé que ce que fait Xiu Xiu, ce sont dans ces eaux vénéneuses qu’on croise, l’usage inhabituel de la langue italienne venant renforcer l’étrangeté sans en atténuer la musicalité. Laquelle n’est pas compromise par les sons de guitare froids et distordus de The Space Between ni par les effet densifiant Elvis Was Already In His Hotel While The Crowd Was Still Cheer. Vous aurez compris que comme les deux autres, c’est une musique pour esprits curieux et amateurs de sculpture sur son.