lundi 3 avril 2017, par
Voici encore un groupe qui pratique l’excellence comme un sport. Après un album très minimaliste et un fiévreux, ils ont décidé d’ajouté un peu plus d’éléments électroniques à leur musique. Bon, ne vous attendez pas à un déboulement de synthétiseurs, c’est surtout du Spoon. Ce qu’il faut noter surtout, c’est la volonté de ne pas se dénaturer tout en essayant des choses. Et les réussissant, leur neuvième album montrant toute leur maestria discrète.
Parce que même s’il y a de l’espace sonore ici, il faut aussi aller le chercher. Ou, plus précisément, le laisser venir. Complexes mais pas ardus, ces morceaux peuvent en effet ne pas se révéler lors des premières écoutes qui ne se révèlent pas toujours à la hauteur de l’attente (c’était ici l’’album de l’année 2014->1851] rappelons-le).
Hot Thoughts lance pourtant les hostilités avec une belle santé et ils haussent encore le ton sur WhisperI’lllistentohearit qui met ses guitares acides en avant. Il y a donc des moments de grâce, des montées fortes et subtiles sur Tear It Down. Mais si les chœurs sont là, ce n’est pas Arcade Fire, l’intensité se prend autrement.
Ce n’est pourtant pas dans les moments paroxystiques qu’on les identifie le mieux, mais au détour de la tension rentrée de Do I Have T Talk You Into It. Ou alors I Ain’t The One qui peut compter sur le talent de Britt Daniels pour ne pas décrocher. D’ailleurs, en sus de son écriture, la cohésion de la section rythmique fait mouche. Ce qui confère une belle pulsation de First Caress. C’est un peu plus électronique, mais c’est du Spoon pur jus, froid dans sa fièvre, lancinant dans son entrain. Et quand Pink Up se présente en morceau plus paisible, ça ne l’est jamais vraiment chez eux, il reste assez dense et finalement assez luxuriant en arrière-plan.
On notera aussi une étrange parenté entre l’intro de Shotgun et I Was Made For Loving You de Kiss. A ce niveau de notoriété, ça ne peut être que de l’hommage. Evidemment, le résultat est bien plus enthousiasmant que la vieille scie disco-metal. Ils nous laissent alors sur cette étrange dernière plage tout en saxo réverbéré.
De même qu’il m’a fallu un peu de temps pour me rendre compte à quel point Spoon est un groupe essentiel, un certain nombre d’écoutes est nécessaires pour renouer avec le charme et la force des Texans. C’est évidemment à contre-courant de notre époque de clips youtube arrêtés à la moitié du visionnage et de la playlist mondiale mais l’important n’est pas là. Album après album, sans jamais rien révolutionner, Britt Daniels et sa bande construisent une des plus passionnantes discographies de notre temps.
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