mardi 18 avril 2017, par
Une de nos missions est de se rendre disponibles pour les découvertes. Certes, le flot n’est pas continu mais quand des albums comme celui-ci passent entre nos oreilles, il ne faut pas les laisser passer. On ne vous laissera donc pas ignorer Raoul Vignal, Lyonnais de 26 ans qui a enregistré son premier album composé à Berlin (l’allusion du titre est le ciel voilé et lumineux de la capitale allemande) et se place d’emblée dans une prestigieuse lignée.
Historiquement, s’il avoue une vénération pour Lee Hazelwood et cite judicieusement Sibylle Baier quand on lui demande de mettre un album en exergue, il renvoie presque immédiatement à Nick Drake. Pour les cousinages plus récents, on pense aussi à José González et Will Stratton qui publie comme lui chez les précieux Bordelais de Talitres.
Rien que du très relevé donc, mais il s’impose sans forcer dans ce club huppé. Tout d’abord parce qu’il a la virtuosité qu’il faut pour pratiquer ce picking véloce et mélodique en diable. C’est une condition nécessaire, mais pas suffisante.
Il faut en effet des morceaux à la hauteur pour marquer. Et comme le line-up est réduit, les mélodies se retrouvent aux avant-postes. Celle de One par exemple est vite souveraine. Le ton est évidemment rêveur et un rien mélancolique mais ce n’est pas trop alangui non plus comme l’illustrent le single Hazy Days et l’enlevé Side by Side. Dans ce contexte simple, les arrangements prennent tout de suite du relief, comme la discrète rythmique de Whispers. Encore une connivence qui fait plaisir, on se surprend à entendre l’écho de celle du regretté Nick Talbot (Gravenhurst) sur Shadows.
Hors du temps est une épithète souvent galvaudée mais rarement comme ici les marqueurs temporels semblent s’effacer devant l’évidence du style. Un jeune Lyonnais vient rappeler avec force qu’on peut encore susciter de l’émotion avec une guitare et une voix.
On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)
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