mercredi 23 août 2017, par
Comme le chantait l’immortelle poétesse
Si je dois tomber de haut/Que ma chute soit longue
Dans le cas d’Arcade Fire, on peut dire qu’ils partent de très très haut mais on vous a déjà parlé des phases du deuil pour le groupe, on en est largement dans la phase d’acceptation maintenant, on s’est résignés à chaque fois préférer l’album précédent au dernier. Cependant, Il y a toujours eu cette vibration à laquelle je n’ai jamais pu (ni voulu, du reste) résister. Si c’est dans le besoin qu’on reconnait ses amis, je constate simplement que j’écoute ce groupe régulièrement malgré les quelques 200 nouveaux albums que je consomme annuellement.
Funeralpeut calmement postuler au titre de meilleur album de tous les temps. C’est acquis, il fallait passer à autre chose, ce qu’ils se sont empressés de faire, laissant à une myriade de suiveurs plus ou moins inspirés l’espace pour creuser un sillon qui n’en demandait pas tant. Ne pas donner l’impression de courir derrière, voilà sans doute une de leurs obsessions et on peut certifier qu’ils se sont bien débrouillés sur ce plan-là. Mais se sortir de force de sa zone de confort implique aussi parfois de s’écarter de sa zone de compétence et de nombreux cas sont présents sur cette cinquième livraison studio.
Everything Now s’écarte encore plus de l’émotion des débuts, mais cette émotion, elle est depuis longtemps suscitée par la force, par la conviction. C’est quelque chose qu’on sent plus qu’on ne peut le décrire et ce single marche, indubitablement. Il ne reproduit peut-être pas le séisme de Reflektor, morceau-gigogne qui nous accompagne depuis quelques années mais le son toujours solide, le souffle dont ils sont capables empêche d’en faire une resucée de Dancing Queen. Bon, le constat qui fâche finalement c’est que ce single bien fichu qui leur assure des passages radiophoniques répétés et mérités est ce qu’on entendra de mieux ici. On a pris l’habitude d’attendre que leurs albums percolent, que l’attente s’estompe et que le détail et le tout se révèlent ensemble. On attend donc, on réécoute (l’album encaisse bien les hautes rotations ceci dit), on tend l’oreille, sachant que chacune de leurs livraisons précédentes comportait nombres de pépites plus ou moins noyées dans des choses moins percutantes mais dignes et le constat est là, assez rapide et finalement implacable. Il déçoit, tout simplement.
Pourtant, le début laisse quelque espoir. Avec les atouts flashy de Signs of Life notamment, même si on se dit qu’avec des violonistes comme Owen Pallett et Sarah Neufeld, on attend plus qu’un enrobage disco somme toute standard pour une fin de morceau plutôt digne. Sans doute que la présence de Thomas Bangalter de Daft Punk à la production explique en partie cette touche passe-partout de sono mondiale uniformisée. On fait donc ici dans le solide, le passage en force mais pas en vitesse.
Une fois arrivés à Peter Pan et au pénible ska Chemistry, il sera compliqué de s’emballer. Infinite content/We’re infinitely content n’est pas le slogan le plus mémorable de l’année admettons-le et le décliner en deux versions enchainées ne le rendra pas plus percutant. De plus, après un départ qui laissait espérer une montée en puissance, ces morceaux moins captivants marquent une descente que tempérera la fin moins morose. Mon petit préféré du reste sera sans doute Put Your Money On Me mais il ne supportera pas la comparaison avec leurs réussites récentes comme Afterlife ou Deep Blue. On n’évoque même plus les deux premiers albums à ce stade. We Don’t Deserve Love est un morceau de gueule de bois, ce que ses contours volontairement flous viennent encore renforcer. Un vrai morceau de diversité mais qui semble cristalliser ne serait-ce que par son titre un malaise qui semble aussi traverser l’album qui tente de sauver la face par une couche de gloss.
Définitivement, Arcade Fire est un grand groupe. Ce qui ne veut aucunement dire qu’il est le meilleur. Certes, les autres formations jouant dans des stades ne peuvent pas prétendre à la même pertinence artistique en 2017. A moins que vous ne trouviez les albums récents de Coldplay formidables, ce qui serait un peu inquiétant pour vous. Si on avait aussi évoqué les formations fameuses dont le parcours pouvait être comparé, il en est une qu’on avait visiblement oublié et pas des plus gratifiantes, U2. On ne pense pas qu’ils partiront en tournée en 2034 pour rejouer intégralement Funeral devant une troupe de sexagénaires, du moins on peut le supposer mais on retrouve un peu de l’esprit narquois qui accompagnait la sortie de Zooropa.
Everything Now n’est pas un trop mauvais album, Arcade Fire n’est pas devenu un mauvais groupe, précisons-le d’emblée. Cet album plus constant que son trop copieux prédécesseur manque cependant de morceaux enclenchant la surmultipliée (un et demi) et souffre aussi de passages presque indigents. Album léger mais sans l’exultation qui pourrait vraiment le sauver, il sera probablement pour beaucoup celui de trop, celui de l’éloignement, de la promesse non tenue. On leur laissera le mot de la fin
God make me famous/But if you can’t/Just me it painless (Creature Comfort)
Peu de groupes ont pu garder une image de sympathie aussi tenace au fil des années. Avec ce neuvième album pour autant de critiques ici, pas de doute, on est en terrain connu. La continuité est aussi assurée par ce line-up inchangé depuis le dernier album et le même Patrick Ford qui assure la production tout comme celle de !!!.
Ce titre d’album fait une entrée immédiate dans les plus improbables. (...)
On n’a qu’une chance de faire une première bonne impression. C’est via un album soyeux qu’on écoute encore beaucoup 20 ans après qu’on a fait connaissance du talent tellement attachant de Leslie Feist et on n’a jamais décroché parce qu’elle ne nous a jamais déçus non plus.
On n’a qu’une chance de faire une première bonne impression. Et c’est avec le délicieusement psychédélique In Lightning qu’elle revient (...)
Il me faut commencer par une confession : j’ai un peu de mal avec les accents québécois trop typés ou le créole en chanson (seulement en chanson, je précise...). C’est comme ça donc cette écoute commençait par un petit handicap. Alors on se lance, histoire de voir si on arrive au bout d’une écoute. Et ça marche, alors on recommence, encore et encore.
Pourquoi ? Parce que le ton pop est parfaitement (...)
Il est troublant de noter le retour de Metric quelques semaines après celui de Stars. On associe mentalement les deux groupes de Toronto parce qu’ils sont contemporains, que les chanteuses ont toutes deux participé à des albums de Broken Social Scene et surtout parce qu’ils ne nous ont jamais vraiment déçus.
On sait tout de suite qu’on ne le sera pas cette fois-ci non plus grâce à Doomscroller. Leur (...)