Accueil > Critiques > 2017

Girls In Hawaii - Nocturne

lundi 20 novembre 2017, par marc


Si le succès de Girls In Hawaii en Belgique francophone a été immédiat et n’est jamais retombé, il m’a fallu un peu de temps pour sauter dans le wagon. La faute sans doute à une concurrence internationale plutôt impitoyable à l’époque, la faute à un snobisme surdéveloppé sans doute, la faute aussi à une discographie finalement en pente ascendante, ce qui est tout à l’honneur de la formation de Braine-l’Alleud.

Album attendu donc, ce Nocturne nous cueille par une plage qui précise les choses d’emblée. Longue introduction mélancolique, mélodie languide et chœurs pour faire monter une sauce qui est déjà bien prise, This Light annonce en sus que les singles plus légers lancés en éclaireur ne constituent pas l’ossature de cet album qui se place logiquement dans la lancée du précédent. Des morceaux comme Indifference qui auraient pu se trouver tels quels sur leur monumental Everest.

Le chant qui a pu être le maillon faible de la chaine musicale est maintenant sous contrôle, avec la mise en place de solutions différentes. Un peu de vocoder (Guinea Pig), une voix de tête sur Walk (pas trop inconditionnel pour le coup) ou plus grave sur Up On The Hill qui nous ramène plutôt chez Get Well Soon, sans la belle assurance suave cependant. Evidemment, on n’évitera pas les comparaisons avec Radiohead sur Cyclo mais ils en font quelque chose de plus léger que la légendaire formation d’Oxford.

Oui, il y a un peu plus de synthétiseurs sur Walk mais bon, pas de quoi fouetter un Roland non plus. Dans le contexte d’un album complet, c’est une pause plus légère, pas une tuerie de dancefloor qui est sensé rester. Et ça laisse plus de place à ce qui reste les meilleurs moments. Par exemple l’intensité de Willow Grove, la pop douce-amère (Monkey) ou la délicatesse de Blue Shape qui s’épanche dans un chorus final relevé.

Quand les nuances se font plus sombres et moins organiques, ils arrivent à créer une ambiance, de la puissance. Overrated aurait sans doute été moins percutant s’il avait été livré en début de carrière. C’est ce genre de morceau qui nous fait revenir sur ce Nocturne et confirme leur talent. S’ils ne jouent pas uniquement sur leurs qualités, Girls In Hawaii confirme son discernement et sa grande forme. Pas de matière grasse ou de déchet sur ces dix titres qui les maintiennent dans une apesanteur sombre mais traversée d’éclairs de lumière. Oui, un vrai bon album en somme.

https://www.girlsinhawaii.be/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • The Ultimate Dreamers - Paradoxical Sleep

    Ce qui est étonnant avec les retours, c’est qu’on ne sait jamais combien de temps ils vont durer. Groupe actif dans les années ’80, ils étaient revenus il y a deux ans le temps d’un Echoing Reverie qui montrait un savoir-faire et une versatilité qui n’était pas à la portée du premier débutant. Ils sont donc de nouveau là pour de bon et on peut dire que les qualités perçues alors ne se sont pas (…)

  • Pale Grey – It feels like I always knew you

    Quelle est la vie des gens qui nous entourent, de ceux qu’on côtoie dans le bus par exemple ? C’est cette matière bien réelle mais fictionnelle qui sert de base thématique au troisième album des toujours brillants Pale Grey. Ils proposent ainsi quelques biographies fantasmées, avec 12 noms pour autant de morceaux et un peu moins de clips.
    De quoi asseoir thématiquement un album maitrisé de (…)

  • Lou K. - Obscurité

    Le hasard fait qu’on a dans la pile plus de disques furieux que d’habitude. Ou alors c’est un contexte musical dont on ne perçoit que des bribes. Ce qu’on aime aussi, c’est qu’il y toujours sur ces albums ces moments ou la tension ne passe plus par une certaine violence. Et pour cet album qui voit Raphaële Germser et Audrey Dechèvre entourer Lou K (Lucie Lefauconnier), ça n’a pas raté non (…)

  • The Golden Son - I am Who am I

    On l’a dit, on connait remarquablement peu d’artistes pour les plus de 2000 critiques écrites ici. Pourtant quelques camaraderies virtuelles ont pu se développer. A force de commenter les albums de The Imaginary Suitcase, j’ai même eu droit à une écoute préliminaire de cet album. Ceci est juste une petite mise au point au cas où vous viendrez fort légitimement douter de mon objectivité en la (…)