lundi 11 décembre 2017, par
Les albums collaboratifs ne sont pas toujours les plus excitants à critiquer. Parce que les différents intervenants peuvent amener les morceaux dans des directions trop différentes pour que l’album puisse garder sa cohérence. De plus, la fastidieuse critique track-par-track est souvent de rigueur mais il y a des exceptions aussi, une des plus éclatantes réussites du genre était celui des Fitzcarraldo Sessions il y a 8 ans. Ils remettent donc le couvert ici sous le nom de Valparaiso. Sur le papier, il y a moins de noms très connus mais la qualité est bel et bien là.
Ceux qui restent du premier casting sont Rosemary Standley (de Moriarty), toujours très à l’aise dans cet americana sombre et intense. Et puis on se souvient encore avec moult frissons du sublime L’Instable de Dominique A, sans doute un de ses meilleurs morceaux (le meilleur ?) qui trouve ici un successeur qui certes ne renoue pas avec ces altitudes inatteignables mais fait vraiment le boulot, prouvant que Dominique maintient un niveau hallucinant depuis maintenant une dizaine d’années.
On commence de façon assez forte par un Rising Tides sublimé par Phoebe Killdeer et Howe Gelb (des formidables Giant Sand et qu’on entend aussi sur le très beau The Allure of Della Rae) et un groupe qui sait établir et maintenir une intensité avec des cordes soyeuses. On sait déjà à ce moment-là qu’on ne regrettera pas le voyage. Sans doute aussi faut-il y voir le pendant du Marées Hautes (de Dominique A) qui boucle l’album. Au rayon francophone, signalons aussi Julia Lanoë (Sexy Sushi, Mansfield. TYA) pour Le Septième Jour et c’est sans doute le seul moment qu’on oubliera volontiers
On retiendra par contre Phoebe Kildeer seule sur Wild Birds, morceau qui commence un peu calmement avant de prendre de la hauteur et s’y maintenir. Sur tous les morceaux il y a cette densité, cette effervescence sous-jacente mais elle est presque systématiquement plus présente dans la seconde partie des morceaux, qui présentent un chorus intense qui vient souvent rehausser le morceau et même occasionnellement le sauver grâce à cette conjonction unique d’une guitare mélancolique et de cordes soyeuses. On avait aimé ça chez Fitzcarraldo Sessions et on le retrouve avec plaisir ici. Pour des morceaux parfois moins marquants à la base mais qui finissent toujours par emporter l’adhésion.
Un peu systématique peut-être mais comme c’est toujours réussi, on se voit mal bouder on plaisir. On retrouve aussi notre compatriote Marc Huygens (Venus, Joy) qui s’insère facilement dans ce casting toujours international. Dear Darkness attend quant à lui un peu avant que l’intensité ne vienne et frappe fort et juste.
Pas trop étonnant dans l’absolu d’entendre Josh Haden mais c’est la première fois que son timbre particulier n’est pas associé à la musique de Spain et on se rend compte à quel point elle est importante dans le son de la formation américaine. C’est Shannon Wright qu’on entend sur The River et elle ne dépare évidemment pas l’ensemble.
Ils se lancent même dans un instrumental qui n’est pas très loin de ce qu’on entend chez des formations comme Calexico (dont le leader Joy Burns a participé à l’expérience précédente) avec qui ils partagent cette capacité à prendre le genre par la bande
On reste donc entre gens bien pour le projet né des cendres du groupe français Jack The Ripper qui sait s’entourer et faire monter des morceaux.
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