lundi 11 juin 2018, par
Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas autant exploré les chemins de traverse du folk. Mais à l’instar d’un Animal Collective qu’on ne peut pas vraiment associer au feu de camp (ou alors avec un apport solide d’eau-de-feu), ce que fait Aaron Roche recouvre une réalité musicale bien plus large. Oui, on y entend de la guitare acoustique et les harmonies musicales sont mises à l’honneur mais ça plaira plus aux fans de Panda Bear qu’à disons, les tenants d’une orthodoxie à la Pete Seeger.
On se souvient aussi que Syd Barrett a été un des précurseurs de cette mise à feu d’une musique faussement simple et ce glorieux ancien nous revient en mémoire sur Bang. Certes, on n’aurait pas pu retrouver ce son-là sur The Piper at The Gates of Dawn.
Like Why I propose une structure a priori classique et des chœurs bien bidouillés qui répondent et puis une fois que le chant, que sa mélopée est installée, il la considère comme de la matière primaire et la façonne pour en faire quelque chose d’une densité qu’on n’a plus entendu pareille depuis le formidable Person Pitch de Panda Bear. Haha Huhu rappelle aussi cet album maintenant passé à la postérité.
On avait à l’époque pris l’habitude de ce son d’enregistreur qui tourne dans le tambour de la machine à laver. Avec beaucoup de belles réussites à la clé mais ce qu’on entend ici est plus pur, et forcément isolé de toute mode. Evidemment, cette approche parfois expérimentale peut aussi ne pas marcher (K Is Manic). Mais cette musique profite même de ses propres ratés sur Florida qui se présente presque comme une répétition. Mais sans temps morts, avec une mélodie qui finit par percer. On se dit que cette complexité est finalement bien rude à mettre en place. Ce sont les cordes qui apportent tout l’appui et la densité voulue à Wooden Knife.
Le sens mélodique et la sensation aérienne qui se dégage de certains morceaux (Haha Huhu, The Telephone, Supreme Monument) le rapproche cependant d’un autre maître incontesté, Sufjan Stevens. On ne sera pas surpris qu’Aaron Roche ait été guitariste de tournée pour Stevens mais aussi Lower Dens et Anohni.
Situer Aaron Roche comme le chaînon manquant entre Animal Collective et Sufjan Stevens est aussi vague que réducteur. Mais l’Américain tient son rang en si bonne compagnie et son album sorti l’an passé rappellera de bien bons souvenirs à ceux qui ont suivi ces circonvolutions d’une époque où les échappées du folk constituaient l’avant-garde.
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