mardi 19 juin 2018, par
Ses cheveux sont d’or on dirait
Un bel éclair qui durerait
Est-ce que Neko Case avait en tête ces vers d’Apollinaire au moment d’élaborer la (plutôt moche comme souvent chez elle) pochette de son dernier album ? On en doute franchement mais cette combustion capillaire convient plutôt bien au cinquième album solo d’une artiste finalement peu connue de ce côté-ci de l’Atlantique.
Une personnalité profonde et attachante se cache en effet derrière une très belle voix. Si elle est en partie aux commandes de cet album avec Björn Yttling (de Peter, Björn and John), elle s’est pour l’occasion remarquablement entourée. En plus de ceux qu’on citera plus tard, notons que certains chœurs sont assurés par Beth Ditto ou Katryn Calder. Cette dernière est aussi une équipière au sein des New Pornographers dont on vous a souvent parlé. Leur leader AC Newman est d’ailleurs aussi de la partie et si le timbre de Neko Case nous est si familier, c’est évidemment en partie dû à la formation de Vancouver.
Cet organe prend de la place sur le Hell-On qui ouvre l’album mais le morceau réserve assez de variations, de densification pour ne pas donner l’impression d’être un faire-valoir. D’ailleurs, elle en profite subtilement pour ne pas en faire un feu d’artifice et cette fausse réserve est une arme redoutable qui garantit l’effet maximum à Oracle of The Maritimes. Il faut dire que les cordes (le violoncelle et le piano sont tenus par l’excellent Joey Burns de Calexico) restent remarquablement sobres et que sa voix est suffisamment assurée pour ne pas avoir à éructer sur ce morceau co-écrit avec Laura Veirs.
L’autre pièce de résistance est ce Curse of The I-5 Corridor qui profite d’un chorus final très réussi et rien moins que Mark Lanegarn en invité. Elle y parle avec une désarmante franchise de ses rencontres et de la découverte du Pacific Northwest (Seattle, en gros…) et cette veine autobiographique prend plus de place que sur ses albums précédents.
A l’opposé de cette chaude intensité se trouvent comme souvent chez elle, on retrouve des morceaux comme Last Lion of Albion ou Bad Luck avec force chœurs et une légèreté qui pourtant ne la verra jamais sombrer du côté mainstream de la force. C’est aussi l’ajout de chœurs qui dédoublent les voix qui ajoutent une touche country à Pitch or Honey qui est dépourvu de tous les autres attributs du genre (la slide-guitar, ce genre) et propose un côté franc bien plaisant. Quand cette tendance est minoritaire, elle est même une des composantes du charme. Il y a aussi toutes ces chansons ‘entre-deux’ qui constituent la colonne vertébrale de l’album et montrent une belle simplicité (Dirty Diamond). On aura aussi droit à une reprise lente du Sleep All Summer des Crooked Fingers avec son leader Eric Bachman en renfort.
Dans la restreinte catégorie des ‘rousses à voix’, je n’échangerais pas mon baril de Neko contre deux de Florence Welch. Notamment parce qu’elle ne ressent pas autant le désir de montrer ses capacités. On ne parlera tout de même pas de retenue mais cet album est attachant parce que le ton est chaud et varié et s’éloigne plus sensiblement d’une country mainstream qui baignait ses albums précédents et déconcertait nos goûts européens. Bien entourée vocalement et aux manettes du son, Neko Case se confirme comme une des grandes personnalités américaines.
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