mercredi 21 novembre 2018, par
Par habitude, on se méfie des dossiers de presse tant ils semblent parler d’un album rêvé plutôt qu’enregistré. Mais les mots ici sont ‘Accompagné de ses musiciens de tournée et autres invités de choix, le musicien délivre sur ce nouveau long format une musique plus orchestrée, plus mature, tout en préservant un degré d’intimité propre à son univers musical’. Voilà, c’est exactement ça, vous pouvez passer à l’écoute directement, je reste avec ceux qui veulent un peu de détail.
D’emblée le premier morceau (Blue Raven) plus dense, se rapprochant encore plus d’un Will Stratton. Il s’éloigne même de ses arpèges en avant sur I Have Sinned. Ils sont toujours là, mais appuyés par une rythmique plus plaisante, par un rythme plus lancinant et langoureux. Et on entend ce qu’on a tant aimé chez Gravenhurst, à savoir une syncope bien particulière, la sensation qu’on n’échappera pas au morceau, avec en sus quelques touches de piano. Ces arpèges peuvent aussi se transformer en riffs lancinants, ce qui fait claquer l’intense The Waves pt.1. A l’opposé, il maîtrise aussi l’apesanteur de The Valve.
The Dream prend ses aises sur les passages instrumentaux. Les couches se superposent, avec une rythmique discrète mais aux aguets. Pas besoin de sa douce voix pour nous toucher donc… On notera quelques ajouts de clarinette et des variations de climats, parfois au sein du même morceau. I Might ou No Faith montrent ainsi plusieurs visages, témoins de la richesse d’un des albums de cette année.
Pour illustrer l’évolution, on peut s’attarder sur Mirror, morceau qui n’est pourtant pas un des hauts faits de cet album (mais qui est fort bon, témoignant de la qualité de l’ensemble) et dont une première mouture figurait sur un EP sorti il y a quatre ans et aide à mesurer le chemin parcouru dans les arrangements. La version originale était dépouillée appelant d’inévitables comparaisons avec Nick Drake qui tiennent moins bien la route maintenant dans ses atours plus ronds et denses. Surtout qu’il ne privilégie pas les cordes pour enrichir ses morceaux.
On ne sait pas si on peut parler d’une école du folk français, sans doute pas d’ailleurs, mais avec des artistes comme The Wooden Wolf ou Raoul Vignal (qui sortent un album le même jour…), on a des compagnons pour la vie. Oser tuer le père, sortir de sa zone de confort d’un style reconnaissable et qui marche sur un premier album diamant brut. C’est l’envol réussi par Raoul Vignal. Sans doute moins générateur de frissons en première écoute, ce second album sorti chez Talitres confirme tout le bien qu’on pensait de Raoul Vignal. C’est dense et délicat, léger et profond à la fois.
C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)
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Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)