lundi 3 décembre 2018, par
C’est peu de dire qu’on attendait cet album de Soap&Skin. La déflagration du premier album d’Anja Plaschg et des concerts qui ont suivi est tellement vive dans nos mémoires qu’elle a su garder une place dans nos oreilles en dépit d’une très petite série de sorties. La dernière fois qu’on avait pu l’entendre, c’était pour transcender le Goodbye d’Apparat qui sert de générique à la série allemande Dark.
Comment faire dès lors quand on veut marquer son retour ? On ne ressent forcément plus les mêmes choses de la même façon à 19 ou à 28 ans. Il faut le reconnaître, on notera moins de morceaux percutants. Son style ne s’est pas affadi loin de là mais on attend souvent le frisson (de joie et de peur tout à la fois) qui arrivait presque toujours sur son premier album.
La satisfaction vient d’ailleurs, d’une densité subtilement dosée. On la retrouve sur Italy (cette chanson et Safe With Me font d’ailleurs partie de la musique du film Sicilian Ghost Story). Surrounded est aussi bâti autour d’une solide palissade de son, ce qui permet à sa voix toujours aussi évocatrice de s’époumoner et ainsi susciter l’émotion. Cette émotion peut aussi venir d’un Heal qui était déjà connu et largement apprécié.
Quand elle se frotte à une balade plus classique sur Creep, elle n’oublie pas de la relever de cordes au cordeau, lesquelles apportent la pulsation de Safe With Me. On n’est pas dans le joli à la Agnès Obel, on nage en eaux plus sombres et froides où la murène rode. D’ailleurs, l’aspect visuel de cet album est très réussi, en développant une vision de la nature à la fois très organique et presque abstraite.
This Day semble plus apaisé mais on sent sa patte on retrouve donc sa voix pleine d’écho, les violons secs, son emploi de l’électronique toujours aussi personnel. Alors que la tendance actuelle est au travail du son en mode brouillardeux, elle garde des lignes de piano franches et ne s’est donc fort heureusement pas trop assagie de ce côté-là.
On s’est sentis moins concernés par les morceaux instrumentaux ou presque comme Falling et son orgue, surtout que depuis tout ce temps, on a découvert une certaine Anna von Hausswolf. (This Is) Water est un instrumental bien moins énervé que ce qu’on a connu chez elle, qui s’insère très bien dans le reste de l’album.
On la connaissait déjà pour des reprises très proches de son univers (Janitor of Lunacy de Nico) ou qu’elle amène contre leur gré dans le sien (perturbant Voyage Voyage), elle enfonce le clou avec la scie What A Wonderful World et s’en sort sans surprise avec les honneurs mais sans fasciner non plus. Tout au plus note-on que contrairement à ce qu’on aurait pu en penser il y a dix ans, il n’y a aucun sarcasme là-dedans.
Evoluer quand on a frappé aussi fort aussi tôt n’est pas une chose aisée, surtout que nous aussi on a fait notre petit bonhomme de chemin et rencontré en route des personnalités comme Alina Orlova ou Anna Von Hausswolff. Mais en densifiant le son, en travaillant les cordes, en gardant sa voix Anja Plaschg reste dans la course. On ne pouvait décemment pas espérer plus.
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