jeudi 14 mars 2019, par
Que font les membres de Midlake pendant les longs intervalles entre les albums ? De la musique visiblement. Après le très sympathique projet BNQT qui les voyait en backing-band de collaborateurs de talent comme Ben Bridwell, Alex Kapranos ou Jason Lytle, voici le premier projet solo du leader Eric Pulido qui a emmené dans l’aventure ses comparses Joey McClellan, McKenzie Smith et Jesse Chandler.
On est dans des eaux bien plus lisses que les puits d’émotion pure que sont les morceaux de Midlake, c’est une certitude, le côté soft-rock étant donc mis en avant, très américain, comme en témoignait le clip autour du base-ball, sport extrêmement confidentiel en nos contrées. Les guitares ont ainsi du temps libre (Used To Be) ce qui met en valeur les deux caractéristiques de douceur et de compétence.
Les mélodies sont bien là mais on comprend aussi pourquoi Midlake nous est si cher. Down and Out aurait de quoi faire une base sérieuse pour une perle d’intensité avec des arrangements différents. Par contre, on ne voit pas Don’t Forget Me y figurer, les chœurs seventies étant vraiment trop légers pour nos goûts. Il faut dire qu’un certain Father John Misty est passé par là et a injecté une bonne dose de sarcasme et d’ironie dans le genre.
Les petites variations qui montrent qu’il y a du niveau aux commandes (Out of The Woods), avec notamment une section rythmique discrète mais souveraine.
Pour nos oreilles européennes, il est probable qu To Each His Own ne va pas faire un tabac. Bien agréable bien évidemment, cool assurément, la musique d’E.B. Younger apparaîtra sans doute bien lisse à beaucoup. Même si l’ADN et la plupart des protagonistes sont communs avec Midlake, il serait vain d’attendre les sommets d’émotion de ces derniers. En toute justice, ce n’est pas l’intention non plus. Sachez-le au moment d’aborder cette douceur d’une compétence indiscutable.
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