lundi 7 octobre 2019, par
S’il n’y en a pas eu de trace écrite en ces colonnes virtuelles, on a toujours suivi Nick Cave. Son album précédent qui traitait du deuil de son fils n’avait pas été traité ici, pour les mêmes raisons que l’album équivalent de Phil Elverum. Et tout comme l’Américain, il semble qu’un album à la sincérité manifeste n’ait pas suffi à éponger la souffrance, tout en montrant sur le second volet une certaine lumière qui rend l’écoute moins exigeante et une rédemption par la beauté qui ne peut que toucher.
Cet album annoncé par surprise il y a deux semaines commence avec des sons et une ambiance qui rappellent les morceaux instrumentaux de Low et Heroes de l’insurpassable trilogie berlinoise de [David Bowie>1942]. C’est étrange, un peu sur le fil, évidemment transcendé par la magnifique voix de Nick Cave (qui peut même être de tête). Il avait évoqué dans une sincère et déroutante lettre son rapport aux fantômes et celui de son fils vient logiquement hanter ce très bel exercice poétique occasionnellement halluciné (il peut y parler d’une famille ours…).
On a connu bien des choses de sa part, du post-punk terroriste sonore de The Birthday Party au crooner crépusculaire jusqu’aux chansons meurtrières et à boire en passant par des musiques de film inoubliables et la nervosité de Grinderman. Ce qu’il fait ici est encore différent puisque la musique est un emballage sonore à la fois léger et intense qui laisse toute la place à sa voix. Le résultat peut être un peu désolé aussi (Fireflies), appuyé par de d’orgue (il évite les sons d’église, ce qui est bien vu), de choeurs fort différents de ce qu’il en faisait à l’époque de The Lyre of Orpheus.
Si le respect que le format impose est immense, si l’émotion est palpable, le spectaculaire nous manque un peu sur la longueur. On est donc content de retrouver un peu de chant sur Waiting For You et d’emblée, c’est poignant. Notons aussi le très beau Sun Forest qui monte encore le niveau d’un album traversé par l’absence. Oeuvre à la fois lumineuse et complexe, elle met en avant le talent poétique et la voix du chanteur australien. Dégageant un respect immense et trouvant la forme qui convient à ce fond universel et personnel à la fois.
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
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