mercredi 3 juin 2020, par
Rater le coche, ne pas suivre le buzz peut avoir des effets bénéfiques étranges. Dès le premier album, Other Lives avaient été placés dans le sillage de formations comme Arcade Fire, The National ou Fleet Foxes, références un peu trop belles pour être vraies. Mais le pire c’est que Tamer Animals était digne de cette lignée, sans singer aucune des élogieuses références. On avait rattrapé ça sur le tard, apprécié après tout le monde avant de se sentir un peu seul quand plus personne ne les écoutait Peut-être parce qu’on avait loupé l’emballement initial ? Il semblait que l’air du temps n’était plus pour eux. Même Pitchforkne se penchait plus sur leur cas (et ne le fait toujours pas). Pourtant, même avec plusieurs années de recul, Rituals reste magnifique.
Le vide s’est fait autour du genre et ces références-là qu’on avait pris l’habitude de dégainer un article sur deux ne sont presque plus jamais de sortie. Donc nos oreilles sont totalement désaturées de ce genre de bel objet et c’est peut-être pour ça que l’écoute de For Their Love fait autant de bien. Il y a bien évidemment des orfèvres comme Efterklang qui viennent nous rappeler de temps à autres à quel point on aime tout ça.
Tout d’abord, on reste impressionnés par l’impression d’espace. Jesse Tabish avait quitté son Oklahoma natal pour Portland et il a de nouveau déménagé vers des cieux plus ruraux de l’Oregon. Donc la musique du trio multi-instrumentiste (Jonathon Mooney et Josh Onstott étant les deux autres) est toujours aussi peu urbaine mais ne ressemble toujours pas à des chants de feu de camp.
Parce qu’ils ont toujours leur magnifgique ampleur comme en témoigne ce Nites Out qui monte tout seul. Ils partagent avec Fleet Foxes leur amour du détournement de morceaux folk limpides comme We Wait pour en faire des pièces uniques, avec dans leur cas une magnifique utilisation de cuivres. Les cordes sont la non pour décorer mais pour envelopper les morceaux, ce qui est manifeste dès le premier morceau qui prend son temps. Et puis il y a des mélodies comme sur Dead Language.
Certes All Eyes / For Their Love laisse un peu retomber le soufflé. C’est impeccable comme le reste mais manque du petit supplément de hauteur. Il faut cet ingrédient secret appelé souffle qui fort heureusement habite la majorité de ce qu’on entend ici. Comme Grizzly Bear ou Fleet Foxes, on n’essaie pas de savoir comment c’est fait pour se concentrer sur l’effet que ça nous fait. Et c’est un effet boeuf. Lost Day par exemple est magnifique, suspendu et intense, prenant et léger. For Their Love ne se présente pas seulement comme une survivance mais une musique indispensable.
L’album est écoutable en intégralité sur Bandcamp https://otherlivesofficial.bandcamp.com/album/for-their-love
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)
Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)
La veille musicale est un engagement à temps plein. Une fois qu’on a aimé un.e artiste, il semble logique de suivre sa carrière. Pourtant il y a trop souvent des discontinuités. Mais il y a aussi des possibilités de se rattraper. La présence de Vincent Dupas au sein de Binidu dont l’intrigant album nous avait enchantés en était une. On apprend donc qu’il y avait eu un album en mars et (…)
Il y a quelque chose de frappant à voir des formations planter de très bons albums des décennies après leur pic de popularité. Six ans après I’ll Be Your Girl, celui-ci n’élude aucune des composantes de The Decemberists alors que par le passé ils semblaient privilégier une de leurs inclinations par album.
On commence par un côté pop immédiat au très haut contenu mélodique. On a ça sur le (…)
On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)
Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)
Ça fait belle lurette que le style de John Grant a évolué, et on ne cherche plus depuis longtemps des traces de son fantastique Queen of Denmark. Mais on sait aussi que ce qu’on a aimé à l’époque se trouve toujours sous une forme différente. On le découvre au détour du son profond de Marbles par exemple.
Triturer sa voix est un choix étrange quand on sait à quel point c’est un de ses atouts (…)
Un jour, on devrait faire gober la discographie d’Of Montreal à une AI et voir si elle arrive à prévoir la direction de l’album suivant. A notre peu algorithmique niveau, un album plus apaisé devait succéder au nerveux Freewave Lucifer f mais en abordant la douzième critique d’un de ses albums, on sait que la prédiction est difficile. Ce qui est compliqué en fait, c’est que le climat d’un (…)