Accueil > Critiques > 2020

Thomas Cousin - Debbie et Moi

mercredi 23 septembre 2020, par marc


Se frotter à un nouvel artiste francophone n’est finalement pas si courant. Et à chaque fois, c’est le chant, son abattage qui vont définir si on a envie de faire un bout de chemin avec lui. On va tout de suite évacuer le sujet pour dire que ce qui semble le plus compliqué pour nous est la grande expressivité du chant chez ce guitariste dont c’est le premier album solo (et en tant que chanteur, aussi). Comme on conçoit l’énorme part de subjectivité de l’observation, on va un peu détailler si vous le voulez bien...

On nous avait vendu une ressemblance avec Gaëtan Roussel et on est en effet pas loin de Louise Attaque sur Parle-Moi De Nous. Mais cette surexpressivité semble moins appropriée quand le tempo ralentit sur Toi Tu Crois, donnant un air un peu daté. C’est d’autant plus dommage que la mélodie est belle dans ces moments-là, voire magnifique sur La Passerelle. Cette façon peut déforcer l’émotion du beau texte et de la mélodie encore une fois imparable de La Chaise Vide mais on se fait tout de même avoir, la larmichette vient, inexorablement. Et si La Plantade amène la blague facile, c’est l’émotion qui prend le dessus. On le voit, c’est un peu l’ascenseur émotionnel cet album.

Mais il y a aussi des morceaux qui emportent immédiatement l’adhésion et le la lâchent plus. De ce côté-là on commence fort bien les choses avec le long Si On Allait Voir La Mer, qui s’étend sans peine dans son crescendo. De même, quand après un des morceaux plus calmes déjà évoqués il prend le contrepied avec le beat de Pas Comme Tout Le Monde, il dégage un souffle vital vraiment séduisant. La voix est donc plus à sa place dans le rock breton de Dans Ma Tête ou dans les moments plus enlevés comme Parle-Moi de Nous ou A Perdre Le Sommeil. Entre les deux pôles évoqués, il flirte même avec un phrasé hip-hop sur J’crame Tout.

‘A vous de voir’ est souvent moins une invitation qu’une démission du critique pourtant dans les cas où la subjectivité est plus engagée, il faut faire part de ce qui pourrait moins plaire mais répandre la bonne parole parce que les qualités sont indéniables. On ne tombe pas sur une nouvelle voix française tous les quatre matins de toute façon et en toute camaraderie, je vous recommande d’essayer Thomas Cousin, vous avez sans doute un ami à gagner.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Muet – En Altitude (EP)

    Après un EP prometteuret un album remarqué, Muet prend l’air. Comme Kwoonou Andrew Bird, ils ont choisi de sortir du studio pour enregistrer un nouvel EP. Pas de révolution en vue pour Colin Vincent (Volin) et Maxime Rouayroux, le spectre de Thom Yorke plane toujours sur cette formation. Il y a des comparaisons plus infâmantes convenons-en. Le chant particulier et les sons travaillés (…)

  • Clara Luciani – Mon Sang

    Clara Luciani fait de la variété. C’est une simple assertion qu’il est nécessaire de rappeler. Parce qu’on parle d’un des cadors du genre, voire de la reine incontestée en francophonie. C’est le prisme au travers duquel il conviendra d’apprécier son troisième album. Si son passé en tant que membre de La Femme ou son premier album solo la destinaient à une chanson française plus indé, elle a (…)

  • Minuit Soleil – La Promesse

    Si on ne craignait pas autant les poncifs, on parlerait de ‘belle proposition de chanson française’ pour le sextette emmené par Roxane Terramorsi et Nicolas Gardel. Et on serait un peu convenus, certes, mais aussi dans le vrai. Parce que ce qu’on entend sur ce premier album, on ne l’a entendu comme ça chez personne d’autre.
    Ou alors pas en francophonie (il y a des morceaux en anglais ici (…)

  • Dominique A – Quelques Lumières

    On connait pourtant bien la discographie de Dominique A. On l’a vu en concert en salle, en plein air, en festival, tout seul, en trio, en quatuor, avec une section d’instruments à vent, délicat ou très bruyant, acoustique ou post-rock. On sait qu’il peut tout tenter et tout, Donc une relecture avec orchestre ou plus intimiste, pourquoi pas ?
    La réponse cingle après quelques secondes, avec la (…)