vendredi 25 décembre 2020, par
A l’instar de Playlistsociety qui est passé du stade de blog collectif à (excellente) maison d’édition, le label berlinois Edelfaul Recordings tente une première sortie physique. Il s’agit pour la cause d’un duo formé d’Eduardo Ribuyo (C_C ), co-fondateur des labels Third Type Tapes et Edelfaul et Ilia Gorovitz (’G’).
Leur collaboration fait la part belle à des interactions de loops et feedbacks supportées par une batterie organique. Le début est certes bruitiste mais avec une rythmique franche qui prend toute la place.
Oui, c’est rude, c’est âpre, mais c’est aussi étonnamment gratifiant.On vous a déjà parlé des nombreuses et fructueuses collaborations d’Anthony Laguerre et c’est du même ordre, pour un effet qui est le contraire du drone donc, avec une frappe puissante et précise et un lit de son dominé par un bourdonnement (Normalising Cruelty ).
Le résultat est une electro paradoxale et suave, peu dansante, certes, mais qui s’adresse au corps. Quand la rythmique se fait plus heurtée, la fluidité s’en ressent forcément (Stepping Stones) . Un EP est le dosage idéal pour ce genre de musique aventureuse et vous ne serez pas déçus du voyage.
Certains albums s’échappent à mesure qu’on pense les avoir cernés. Et on suit résolument l’Allemand Tim Linghaus dans sa fuite. On passe même au-dessus de l’auto-tune omniprésent. Cette sortie du label Schole Records d’Akira Kosemura propose en tous cas un bien agréable cheminement.
On se dit tout d’abord qu’ils sont nombreux à la frontière de l’electronica et d’une délicatesse plus classique. De Bon Iver à James Blake en passant par toute la constellation autour d’Ed Tullett (Novo Amor, Oliver Spalding), le spectre est déjà large. Mais ceci est encore plus évanescent, s’éloigne encore plus ostensiblement des canons de la pop et de la chanson. Avant de partir vers encore plus d’aventure ambient, avec des structures sonores plus complexes et dominées par le saxophone (Bloodstained ) ou un piano laissé seul.
Rebuild sonne comme certaines démos de Pink Floyd , avec cette guitare libre et gorgée de reverb’. Étrange mélange sur le papier mais au long de cet album, cette transition se fait sans heurt. Cette musique un peu évanescente est aussi une remarquable composante d’un intérieur, illustrant plus qu’elle ne s’impose.
Un nouveau groupe pour ces colonnes ? Pas vraiment. Si on a laissé passer le premier album, on les a connus en tant que VO. Ou alors individuellement auprès de Françoiz Breut ou Girls in Hawaii pour Boris Gronemberger , Melon Galia ou Soy Un Caballo pour Aurelie Müller . Bref, pas de dépaysement total pour cette sortie d’Humpty Dumpty.
Mais l’évolution musicale est patente, vers un ton plus direct et moins ‘cinématique’ qu’au par avant. Et on peut dire qu’on apprecie ce rock languide et inspiré. Grande prairie s’ébroue ainsi et c’est vraiment réussi parce qu’ils incorporent des éléments de façon fluide et sans perdre le fil.
Difficile de trouver un point de comparaison, même si on y retrouve le plaisir des chemins de traverse des années ‘90 (Strangelove , quelqu’un ?), avec la densité qui fait la différence (Impatience ). Et cette densité tient la route sans augmenter le tempo, appuyée par quelques synthés (The Crossing ).
Si River Into Lake est avare en effets de manche, cet EP fait partie de ceux qu’on a vite écouté encore et encore parce que l’intensité est une valeur qu’on chérit. On aime donc, vous aimerez sans doute aussi.
https://www.riverintolake.com/