vendredi 29 janvier 2021, par
On ne peut nier l’importance de la jeunesse, le mythe tenace du premier album. On sait qu’il y aura toujours des albums venus de nulle part pour récompenser notre patience et notre dévouement. On n’a qu’une seule chance de faire une bonne première impression et la jeune Israélienne Tamar Aphek la saisit à pleine mains. Son premier album (il y a eu un EP avant ça) démarre sur les chapeaux de roues, avec un ton qui rappelle Liars dans la propension à utiliser des rythmes fiévreux sans être abscons. Avec une impression de cool jamais démentie pour mener Crossbow à son point d’incandescence.
Pas le temps de récupérer ou de se demander ce qui nous arrive, on enchaîne avec le soigneusement sale Russian Winter. La voix est un tout petit peu à côté, assez pour créer un décalage mais pas trop pour qu’on pense que c’est maladroit. Et cette fausse nonchalance est vraiment appréciable, apportant souvent un contrepoint à ce qui pourrait sembler plus rude. Un peu déglingué juste comme il faut (Too Much Information).
Cet album est imprégné de Psychédélisme, un peu parce qu’il y a des sons d’orgue, beaucoup parce que l’ambiance générale est très détendue. Et il y a des parties de guitares un peu furieuses, un peu trippées (Drive) et avec une rythmique à l’avenant. On applaudirait si on n’était pas en train de s’avachir sur le tapis du salon avec les bras en croix. Les guitares ne sont pas passées de mode, il faut simplement trouver des façons, certes pas nouvelles mais diablement séduisantes, de les mettre en avant. C’est ce qu’on a sur Nothing Can Surprise Me.
On peut penser aux sixties sauf qu’à l’époque on n’avait pas anticipé le glam, le kraut et plein de choses qui vont remplir nos bonheurs musicaux et qui se retrouvent dans ce riche creuset. Vocalement, elle peut étrangement faire penser à celle de Marie Modiano qui prendrait les intonations de Brisa Roché pour un résultat forcément sensiblement différent.
Mais elle rétracte les griffes sur All I Know, mais on sait qu’un simple coup d’adrénaline les fera ressortir. Aussi, quand Beautiful Confusion se fait plus bluesy, on sait qu’il va décoller et on n’a pas tort. Si c’est un peu lâche, la tension reste là et cet équilibre est une des grandes satisfactions de cet album et sera sans doute compliquée à reproduire. Mais on n’en est pas là, l’important c’est ce présent, ce plaisir d’écoute chaque fois renouvelé, augmenté du plaisir d’une découverte qui ne nous appartiendra bientôt plus.
La reprise d’As Time Goes By n’est évidemment pas scolaire. Pas minimaliste, comme si elle avait été dégottée sur un album d’épluchures (de banane) du Velvet. Le genre est certes différent et les ressemblances peu littérales mais cette façon de trousser un univers à partir d’éléments connus avec une envie grosse comme ça renvoie à St Vincent ou Anna Calvi. On ne va pas se voiler la face, ceci est une musique pour gens intéressés, et j’aime à penser que tu es du nombre. Et ce brassage à haute température va dans doute te plaire, ce plaisir des sens est fait pour être partagé.
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