Accueil > Critiques > 2021

Daniel Paboeuf - Ashes ?

vendredi 5 février 2021, par marc


Il y a des gens qu’on ignore connaitre. Si le nom ne m’évoquait rien, Daniel Paboeuf est le saxophoniste pilier de la scène rennaise, ayant collaboré avec Etienne Daho, Marquis de Sade et la première division de la chanson française mais pour notre périmètre, il est surtout celui qu’on a entendu auprès de Dominique A dans ses périodes fastes de L’Horizon et Vers Les Lueurs. Les versions dingues de Sur Nos Forces Motrices ? C’est avec lui. Tant qu’on y est, signalons la présence de l’ancien guitariste chevelu de Dominique A, Thomas Poli.

Maintenant que les présentations sont faites, on peut dire que le saxophone tient les premiers rôles. On n’a plus entendu un artiste le mettre autant en avant depuis Morphine et d’emblée, l’emploi est pertinent, structurant puisque les morceaux s’articulent autour de cet instrument. Il chante aussi, ce n’est pas un disque de jazz déviant, mais de rock indé varié et inspiré.

Le chant n’est pas le point d’attraction central bien évidemment, il se planque même dans le mix, notamment sur le très bon Who Will Remember qui arrive à installer une fièvre gothique avec un sax, ce qui n’est pas un mince exploit pour un résultat différent de ce qu’en faisait, disons, Bauhaus. On varie donc les climats et les ambiances, c’est une excellente chose. Il peut en effet se permettre la douceur (It’s Too Late) ou oser être plus pop sur I’m a Wreck sans se départir de sa fluidité (M 87)

Parfois aussi, il n’y a que du sax (Lonely Woman qui est un morceau d’Ornette Coleman) et on se rend compte à quel point il maîtrise son sujet. Il enchaîne sur la densité d’Acturus, autre morceau instrumental, avec des voix qui semblent assurer la basse pour laisser à l’instrument de la place pour s’exprimer. A l’opposé, War est un morceau plus martial, croisement étrange et réussi entre des envies jazz et EBM, comme si Front 242 se perdait dans une cave de Saint Germain. On aime aussi ce qu’on ne peut classer si ça correspond à plusieurs de nos aspirations et c’est exactement ce que réussit Daniel Paboeuf. Cette fois c’est sûr, on retient le nom.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Mr Diagonal - Join the Dots

    Si le Bruxellois d’origine écossaise Dan Barbenel a décidé d’officier sous le nom de Mr Diagonal plutôt que Mr Lignedroite, c’est sans doute parce qu’il sait que son écriture a tendance à prendre la tangente, ce qui nous avait déjà plu. Pour augmenter la confusion, ces enregistrements de morceaux composés depuis 2018 est présenté comme un accompagnement de son one-man-show qui sera présenté à (…)

  • Islands – What Occurs

    Kate Nash, Menomena, The Decemberists et maintenant Islands avant bientôt Bright Eyes, il faut se pincer pour ne pas se sentir quinze and en arrière. Mais bon, comme ce sont de bons souvenirs et que tout le monde est dans une forme créative manifeste, on ne va pas bouder son plaisir.
    Dans le cas du groupe Canadien, ce n’est pas exactement un retour vu qu’ils sont dans une période plutôt (…)

  • Bat For Lashes - The Dream of Delphi

    On ne pourra jamais reprocher à Natasha Kahn d’enchainer des albums identiques. Après le plus synthétique et clairement teinté eighties Lost Girls, la revoici avec un album vaporeux et presque ambient par moments. Peu de morceaux se détachent lors des premières écoutes, ce qui est habituel. Il a par le passé fallu des prestations live pour pleinement appréhender certains albums. Il faut dire (…)

  • Fat White Family – Forgiveness is Yours

    La subversion, en rock, ne passe pas nécessairement par les hurlements et les guitares déchainées. Et une dose de subtilité ou de décalage permet souvent d’obtenir le maximum d’effets. Si on avait attendu le wagon Serfs Up ! pour rattraper le train de Fat White Family, le mélange de morceaux amples, ronds et plaisants et d’un propos plus acide avait énormément plu.
    Ce digne successeur (…)

  • Andrew Bird - Sunday Morning Put-On

    Comme la carrière de Rufus Wainwright est une lutte constante et perdue d’avance contre la frustration de le voir s’égarer dans des projets qui nous parlent moins, le parcours d’Andrew Bird alterne lui aussi entre des albums plus pop (toute proportions gardées) qui sont magnifiques et quelques tentations soit ambient ou jazz.
    Vous aurez compris que c’est de cette dernière inclination dont il (…)

  • The Cry – The Cry

    On le répète souvent parce qu’on est chaque fois surpris de l’omniprésence de la musicienne française Christine Ott. Et sa productivité est aussi surprenante. Ainsi, six mois après le second album de Snowdrops et l’ayant croisé récemment en solo ou avec Theodore Wild Ride, la voici dans un nouveau projet. Ce n’est jamais pareil, seule l’exigence et la qualité sont constantes. Aussi ce mélange (…)

  • Charlotte Greve - Sediments We Move

    La technique ne vaut que par ce qu’on en fait. Ce lieu commun prend tout son sens avec l’Allemande installée à New-York Charlotte Greve. Sa formation jazz est évidemment immédiatement identifiable mais la matière proposée ici en dévie sensiblement, ou plus précisément la pervertit avec une mine gourmande.
    Il faut dire que la matière première de cet album, ce sont les voix du chœur berlinois (…)

  • Ola Kvernberg - Steamdome II : The Hypogean

    S’il est plaisant de découvrir un artistes à ses débuts, de tracer son évolution, il peut aussi se révéler valorisant de le prendre en cours de route, avec une belle progression. On ne décèle pas tout de suite le potentiel de la chose mais il apparait bien vite que le potentiel du compositeur norvégien est indéniable.
    Arpy commence de façon un peu douce, mélodique, simple. Mais (…)