lundi 22 février 2021, par
Si ce qui nous lie à une formation comme les Tindersticks repose sur une certaine habitude, certes, mais aussi à leur propension à nous surprendre de temps à autres. Ce treizième album studio nous cueille avec des voix samplées, ce qui dévie du croon vespéral habituel. Ou plutôt qui constitue une partie des habitudes. Parce que s’il reste des marqueurs forts comme le vibrato baryton de Stuart Staples, on sait depuis un quart de siècle que la tangente est toujours possible. La dernière en date était l’excellente surprise groove de The Something Rain.
On avait apprécié No Treasure But Hope, évidemment, mais sans avoir ce petit plus qui fait les grands albums. C’est ce qu’on retrouve ici, tout en admettant la part énorme de subjectivité de cette adhésion. Il faut toujours aborder leurs albums avec un certain degré d’abandon. Il en faut un peu pour profiter en plein des 11 minutes de Man Alone qui s’aventure dans des textures sonores qui ne leur sont pas familières. Mais la voix de Stuart Staples reste le point d’attention, même si son traitement est différent, trituré, réverbéré et incorporé comme matière première plus que comme ingrédient soliste.
I Imagine You est plus en ligne avec leurs tendances minimalistes récentes et on ne va pas dire qu’il suscite un intérêt gigantesque. L’album évolue alors vers vers plus de ‘chanson’, même s’ils excellent toujours en déclamation sur The Bough Bends.
Stuart Staples vit en France depuis de nombreuses années. Il se lance donc dans la langue de Claude François et c’est un style de chant qui n’est pas fréquent dans cette langue. La grosse basse emmène Lady With The Braid mais ne nous y trompons pas, la mélodie est impeccable (le genre de celle qu’on imaginerait dans la bouche de Leonard Cohen) et les enluminures subtiles et efficaces. La compétence est une qualité qu’il serait dommage de renier, et ils en profitent pour étirer le morceau final.
Tindersticks, ce sont d’anciens compagnons de route pour lesquels la surprise est toujours possible. S’ils restent reconnaissables entre mille, force est de constater qu’un de leurs albums ressemble rarement au précédent. Ils s’enfoncent donc un peu plus avant vers l’abstraction et leur capacité à trousser une ambiance fait forcément mouche. On se surprend à être un peu surpris et rien que pour ça, on resigne pour 25 autres années.
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)
Un piano, une voix, voilà ce qui constitue le gros de ce premier album de l’Italien Michele Ducci. Mais il ne fait pas s’y tromper, celui qui était la moitié du groupe electro-pop M+A offre sur cette base un bel album d’une richesse réelle. Et surtout, on capte au passage quelques fort beaux morceaux.
Notre préférence va sans doute à la simplicité de River qui frappe juste, ou alors au sol (…)
Si après 15 années de Beak> et 5 albums, Geoff Barrow est toujours considéré comme ’le mec de Portishead’, que dire de Beth Gibbons qui s’est effacée de la vie publique depuis tant d’années ? Cette sortie a donc autant surpris qu’enchanté.
Fort heureusement, musicalement, ce Lives Outgrown ne tente pas de souffler sur les braises du trip-hop. Et c’est intentionnel. Le résultat est donc moins (…)