vendredi 12 mars 2021, par
Il est toujours plaisant de faire connaissance avec un artiste à ses débuts. Surtout s’il est prometteur. Le Suédois Joel Gabrielsson est donc un créateur, dans la lignée de ceux qui mêlent intimité et cocon électronique. On songe à Ed Tullett et sa bande mais jamais de façon littérale, c’est plus une communauté d’esprit dont on parle. Surtout qu’il y a des différences formelles. Pas de beats ici, pas de voix haut perchée…
C’est en tous cas une musique qui prend son temps, qui n’a pas peur de sa délicatesse. Le premier morceau ne présente presque pas d’instruments organiques. Mais elle peut s’aventurer aux lisières du folk (Remain), dans les eaux troubles de Fink, avec une petite touche de violon ou alors juste un piano (Wimber). L’effet est on le devine spleenesque à souhait
Quatre titres, c’est la bonne dose pour un EP aussi contemplatif. Elle permet de détailler les procédés sans les dénaturer et présenter une belle cohérence. Il va de soi qu’on suivra cet artiste tant il se place avec brio dans un genre qui nous plaît a priori.
Parmi les styles qui reviennent de temps à autres, celui de ‘rock psychédélique grec’ est sans doute un des plus inattendus et persistants. Et à chaque fois, on est séduits par la vitalité et la diversité de cette scène. D’ailleurs, c’est aussi la variété qui séduit sur le troisième album du quintette athénien.
La voix est plus planquée dans le mix, laissant la place à du rock solide et impeccablement débraillé plus qu’à qu’un délire lysergique. Mais on dénote aussi une tendance plus pop à guitares telle que remise au goût du jour il y a un peu de temps par Kula Shaker ou le Ride de Carnival of Lighs (Blue Whale). Ils n’hésitent pas à faire monter un morceau en neige (Southern Lights) ou en faire une douce rêverie électrique (River). Les riffs lumineux de The Sky Is Falling se placent dans un genre de ligne claire dans la lignée de Pink Floyd classiques, avec en sus une belle densification.
Bref, si les ambiances doucement psyché et exécutées de façon variée et impeccable vous tentent, le dépaysement d’Holy Monitor s’impose.
Tout comme son nom n’appelle pas de mystère, la musique de ce duo français n’avance pas masquée. Non, Morgane n’est pas Morgane Imbeaud, moitié du duo Cocoon mais Morgane Gaudin. C’est Jeff Mailfert qui l’accompagne. Pourtant d’emblée la patte on peut se poser la question, parce que le résultat n’en est souvent pas très éloigné. Même si ça peut sembler compliqué à concevoir, c’est encore plus doux, moins mélancolique mais le ton est plus folk, avec un violon très réussi. C’est donc de l’americana léger donc (où il faut absolument placer ‘river’ dans le texte sous peine de sanction).
La moitié de cet EP est en français et c’est fort joli aussi, léger et apporte une certaine variété et on a au passage un bel accord de voix. S’ils ont bourlingué, ceci n’est pas de la musique du monde même si on note une intervention dans une langue non identifiée de Djao Mazava sur Feuille de Route. Parfois aussi, c’est enjoué comme de la chanson de feu de camp (Aneth) et pourra être un peu léger pour les amateurs de folk plus viscéral.
‘Agréable’ est une épithète qu’on ne devrait jamais déprécier. Vous aurez compris que la nouveauté du son ou des thèmes n’est pas une priorité absolue. Et si la gentillesse n’est pas un gros mot pour vous, voici une petite douceur qui ne se refuse pas.