vendredi 16 avril 2021, par
L’angle de la santé mentale n’est certainement pas le moins pertinent pour aborder la discographie de Jamie Stewart. Sans doute que cette instabilité, cette impression de danger permanent qui rend toute écoute tendue est une conséquence directe de ce simple fait, d’un mal-être qu’il n’a jamais caché mais qu’il tente de contourner.
Et un des meilleurs moyens de le contourner est la musique, ou plutôt les artistes qu’il apprécie et qui le lui rendent bien et qui peuplent ce bien délectable album de duos. Si tout le monde ne nous est pas familier dans le casting, ceux qu’on connaît sont (très) chers à nos cœurs.
On n’imaginait pas nécessairement Owen Pallett se mêler au monde parfois glauque mais la fusion des univers a bien lieu et même si ce n’est pas le moment le plus marquant, il permet de mesurer l’amplitude des capacités du Canadien qui peut aussi bien assurer les arrangements d’artistes comme Arcade Fire, Mika, Pierre Lapointe ou Pet Shop Boys.
Plus attendue était la présence de Jonathan Meiburg avec qui ils avaient déjà formé l’éphémère duo Blue Water White Death. Leur capacité à tisser des structures est indéniable et se retrouve ici, à l’inverse du lyrisme dont ils peuvent faire montre parfois (souvent même). Stewart avait aussi déjà collaboré avec Fabrizio Modonese Palumbo et leur morceau commun a un son plus léger et plus foisonnant à la fois. C’est clairement un des morceaux les plus perchés celà dit. Dans les incontournables, Angela Seo est officiellement la moitié de Xiu Xiu, sa présence n’est évidemment pas surprenante ici.
Si l’exercice imposerait une critique piste par piste tant il n’y a aucune faiblesse, notons ce qui marque le plus. Avec l’excellente Chelsea Wolfe, ils s’attaquent à l’iconique One Hundred Years pour un résultat forcément dense et intense. Le résultat peut aussi être imposant comme Saint Dymphna avec Twin Shadow, un des meilleurs moments ici.
Notons aussi la beauté majestueuse d’I Cannot Resist avec Drab Majesty. Dans ses copinages, il trouve au passage de remarquables compagnons de jeu. La voix d’Haley Fohr est en tout cas très en accord sur ce morceau à la mélodie bien tracée. Il est même étonnant comme l’excellente Sharon Van Etten chante un peu comme lui.
Il y a aussi des moments carrément ludiques comme Rumpus Room avec Liars dont le clip forcément étrange nous avait interpellés. C’était en tous cas une bonne idée de se servir de ce morceau presque dansant pour donner envie d’en savoir plus.
D’une manière générale, ceci est un album de Xiu Xiu. Et étrangement, sans doute son œuvre la plus apaisée. Peut-être parce que celui qui a un badge I Hate People sur sa sangle de guitare a trouvé du réconfort auprès de fans attachés et bienveillants et d’artistes qui comme lui peuvent transcender leurs humeurs par l’art.
Depuis eux albums, Cross Record est le projet solo d’Emily Cross. Chanteuse de Loma, elle agit aussi en tant que ‘Death Doula’, autrement dit en assistant des fins de vie. Elle a aussi quitté son Texas pour le Dorset et est devenue mère, ce qui ne doit pas être un mince ajustement. Donc quand on décèle que c’est une chanteuse habitée, tout ce substrat prend son sens, prend chair même. (…)
Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)
Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)