mardi 22 juin 2021, par
Formation ancienne dont je ne connaissais rien, Thee More Shallows a sorti trois albums entre 2002 et 2007. Cette indication est pertinente puisque les cousinages du trio de San Fransisco sont à aller chercher du côté d’une certaine idée de la pop indé un peu expérimentale de l’époque. On pense tout de suite à des choses comme Cloud Cult pour la délicatesse, les surprises et la puissance de feu distillée avec parcimonie. Une autre façon de dire qu’on aime beaucoup cet Ancient Baby.
On retrouve même ce violon qui peut aussi procurer des frissons, avec les inévitables harmonies vocales (un effet Sufjan Stevens sur Wizards Wednesdays) et remontées (Hocus Pocus), produisant au passage une grosse ampleur (Cold Picture). On apprécie aussi le balancement irrésistible de Boogie Woogie et leur propension à être à la fois intimistes et spectaculaires (Copy Body). On n’est clairement pas dans l’esthétique foutraque, c’est solide sans être lisse.
Il est logique que les albums soient ancrés dans le vécu de ceux qui les écrivent. Le thème de la paternité n’est vraiment pas rare mais s’exprime souvent à travers d’embarrassantes berceuses ou des combats de garde d’enfants. Il y a certes des exceptions (le sublime Ton Héritage) et cet album-ci est franchement dans cette dernière catégorie, alternant les points de vue sur le sujet.
Dad Jams, c’est de la pop indé dans ce qu’elle a de meilleur, c’est-à-dire quand elle peut se faire inventive et touchante. On retrouve le charme et l’allant de ce qu’on a aimé chez plein de formations (Cloud Cult en tête mais aussi Menomena ou Islands) et rien que pour ça, la réactivation de ce groupe vaut le déplacement.
Depuis eux albums, Cross Record est le projet solo d’Emily Cross. Chanteuse de Loma, elle agit aussi en tant que ‘Death Doula’, autrement dit en assistant des fins de vie. Elle a aussi quitté son Texas pour le Dorset et est devenue mère, ce qui ne doit pas être un mince ajustement. Donc quand on décèle que c’est une chanteuse habitée, tout ce substrat prend son sens, prend chair même. (…)
Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)
Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)