Accueil > Critiques > 2021

Low Roar - Maybe Tomorrow

mercredi 18 août 2021, par marc


Le plaisir de la découverte est une chose, celui des retrouvailles régulières en est une autre, tout aussi délectable. En dix ans, cinq albums et autant de retours, Ryan Karazija nous a toujours convié chez lui, dans une ambiance intime mais jamais fragile.

On aime en effet le spectaculaire quand il ne semble être qu’un produit dérivé, pas l’objet d’une attention forcée. Et spectaculaire, David l’est indéniablement. Cette façon permet de se laisser surprendre par les lents soubresauts de Hummingbird ou d’appuyer la rythmique tordue de Fade Away. Mais la lenteur est souvent de mise, tout au moins à l’entame des morceaux (Fucked Up). Sleep Peacefully est un moment de douceur et même les soubresauts de Stay Calm, Keep Quiet sont ouatés.

L’effet général s’approche d’un Perfume Genius qui aurait préféré étendre le son plutôt qu’hausser le ton. Ou comme si Bon Iver avait décidé de réenregistrer son premier album avec le son des suivants. Des mélodies magnifiques sont nécessaires et sont bien là (Burial Ground, Bye Bye) et serrent immanquablement la gorge. Et Captain a la majesté d’un Sigur Ros.

Les artistes le savent, jouer sur le seul charme ne suffit pas. Album après album, Low Roar pousse le bouchon un peu plus loin, gardant la délicatesse tout en augmentant l’ampleur. On vient de passer dix années avec lui, on ne va pas le laisser comme ça.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Low Roar - Maybe Tomorrow 20 août 2021 14:08, par Laurent

    Eh bien, première fois que je "rentre" dans un album de Low Roar avec cet enthousiasme. (Pour l’anecdote, je suis retourné lire mon commentaire d’il y a dix ans (sic) et ça confirme ma réserve historique par rapport à Ryan...)

    Il faut dire que, comme tu le soulignes très bien, David en met d’emblée plein la vue... enfin l’ouïe. Mais c’est avec Fucked Up que j’ai ensuite été définitivement cueilli. On garde un peu de réserve parce que je trouve quand même l’album inégal, mais les highlights sont très high. Comme sur le dernier John Grant en fait. Ici, il y a des moments où ça tutoie Grandaddy et là, je dis oui la vie.

    Sinon, merci encore pour la découverte Jeff Maarawi, cet album est vraiment dément et à part toi personne à peu près n’en parle !

    repondre message

    • Low Roar - Maybe Tomorrow 13 septembre 2021 12:39, par Marc

      Son évolution est intéressante en tous cas. Parfois c’est tout de même un test d’attention mais le son prend vraiment de l’ampleur.

      Oui la vie, tous les hommes du monde sont mes amis.

      Pour Maarawi, j’ai reçu ça en ligne directe de son label grec. Sans ça, ce serait resté en dehors de mes radars. Ca me désole toujours de constater le manque d’écho des artistes que j’aime bien. Mais c’est un autre (large) débat...

      repondre message

  • Tindersticks – Soft Tissue

    Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
    Cet album ne (…)

  • Nick Cave and The Bad Seeds – Wild God

    La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)

  • Michele Ducci - Sive

    Un piano, une voix, voilà ce qui constitue le gros de ce premier album de l’Italien Michele Ducci. Mais il ne fait pas s’y tromper, celui qui était la moitié du groupe electro-pop M+A offre sur cette base un bel album d’une richesse réelle. Et surtout, on capte au passage quelques fort beaux morceaux.
    Notre préférence va sans doute à la simplicité de River qui frappe juste, ou alors au sol (…)

  • Beth Gibbons - Lives Outgrown

    Si après 15 années de Beak> et 5 albums, Geoff Barrow est toujours considéré comme ’le mec de Portishead’, que dire de Beth Gibbons qui s’est effacée de la vie publique depuis tant d’années ? Cette sortie a donc autant surpris qu’enchanté.
    Fort heureusement, musicalement, ce Lives Outgrown ne tente pas de souffler sur les braises du trip-hop. Et c’est intentionnel. Le résultat est donc moins (…)