lundi 15 novembre 2021, par
Le temps passe mais ce sont souvent les autres qui nous le font ressentir. On avait ainsi découvert la précieuse chanteuse américaine il y a quinze ans déjà. Et comme sa productivité ne s’est jamais démentie, on a pu suivre son évolution au gré de ses neuf albums studio tous relatés ici.
On savait depuis les morceaux disponibles qu’elle pousserait le curseur plus loin vers une dream-pop éthérée, l’éloignant de la forme plus dépouillée des débuts. C’est aussi une des révélations de l’album, il faut maintenant ajouter les talents de production à sa panoplie. Cette évolution s’est faite presque naturellement, par touches, avec des allers et retours. Ce qui nous laisse à penser que ce n’est pas figé non plus, que la suite sera intéressante également.
Elle avoue avoir passé beaucoup de temps à regarder des séries sur des affaires criminelles et elles alimentent logiquement ces morceaux, ces murder ballads s’insérant naturellement à son style. Autre changement, elle a profité du confinement pour prendre des leçons de piano. Et tant qu’à faire, elle les a prises avec Jesse Chandler de Midlake. Elle ne veut donc pas garder de limites à son univers.
De son expérience folk restent la certitude que ces morceaux passeraient tous la rampe du guitare-voix. On n’a pas besoin d’un album alternatif pour se convaincre qu’Elegy est de ces beautés simples et directes. L’arpège de From Vapour To Stardust semble presque un clin d’oeil. En matière de dream-pop, elle est accompagnée occasionnellement d’une caution de premier ordre en la personne de Simon Raymonde des Cocteau Twins, accessoirement aussi son patron de label Bella Union.
Il y a une très belle profondeur dans Bessie, Did You Make It ? Paradoxalement, ce son plus léger impose une attention supérieure et un son plus poussé pour que les morceaux puissent mieux percoler, pour que les chorus de The Path of The Clouds puissent mieux s’imposer. If I Could Breathe Underwater apparait ainsi comme plus dilué mais il est solidement charpenté aussi. Les guitares sont donc brouillardeuses (Well Sometimes You Just Can’t Stay). Ou plus frontales comme sur le magnifique chorus final de Couldn’t Have Done The Killing. Mais c’est un leurre, l’émotion transperce ce brouillard et nous frappe. Et puis c’est un album qui grandit vraiment au cours des écoutes.
L’évolution de Marissa Nadler en tant qu’artiste est remarquable. L’amplitude de ses capacités ne cesse de nous étonner. A titre purement personnel, on ne peut s’étonner de noter que cet album sans défaut suscite aussi un peu moins d’émotion pure que certains de ses hauts faits du passé. Ce frisson immédiat est ici remplacé par une immersion totale dans un cocon sonore qui lui permet de distiller ses murder ballads sans coup férir. On est contemporains de Marissa Nadler et cette pensée seule est déjà un cadeau.
On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)
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Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)