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Séance de Rattrapage #99 - Klein, Projet Marina, You Said Strange

mercredi 16 février 2022, par marc


KLEIN- Sonder

Force et subtilité sont deux composantes compliquées à mêler. La subtilité du jazz est souvent compliquée à appréhender pour le profane. Heureusement ils sont nombreux à jeter des ponts et parmi ces bienfaiteurs on compte le Luxembourgeois Jerome Klein.

Sur le premier album de sa formation, le clavier est indéniablement jazz (la folle célérité de Catharsis) mais la rythmique, bien que fouillée, est plus directe. Down est une version moins brute de décoffrage (plus subtile donc) de ce qu’on a entendu chez Glass Museum. Mais il y a aussi du chant. Episode est un morceau un peu planant qui dévie un peu de sa feuille de route mais emporte sans coup férir l’adhésion.

Les morceaux instrumentaux sont plus aventureux. Et ça balance donc (Catalyst), ou au contraire glisse fort plaisamment vers un electro de jour d’hiver (Poem), ou génère de la vraie intensité (la fin de Creator). On le voit, l’univers de Klein est large et mérite amplement la découverte.

Projet Marina - Loire (EP)

Cet EP se présente comme le versant plus sombre de l’album sorti l’an passé et qui nous avait agréablement impressionné. Autre déclaration intéressante, il se veut comme la fusion de Coil et Dominique A. Sachant que ces artistes nous parlent, on ne peut que se pencher sur ces six-titres. Déjà cette façon de compléter un album par un E complémentaire plus aventureux est une façon de faire d’un de nos chanteurs préférés. On est ici proche de l’esprit d’Autour d’Eleor (CHECK).

Les voix sont plus discrètes, on est presque dans de l’instrumental. Si c’est en effet plus désolé, on n’est pas dans les eaux malsaines de Coil. Et ce n’est pas plus mal, on absorbe d’autant mieux ce climat faussement apaisé. Le travail des structures, métastables et en constante évolution est assez réjouissant. Parasite se délie ainsi.

C’est en tant que complément de Loin Des Dons Célestes que cet EP s’apprécie. Il a sa valeur intrinsèque, certes, mais le contrepoint proposé étend surtout l’univers de ce duo décidément doué.

You Said Strange – Thousand Shadows Vol.I

Dans le monde de l’art, Giverny est connu par les peintures de Monet. On pourra ajouter dans les centres d’intérêt un quatuor bien convaincant. Il pourra plaire à ceux qui portent (avec raison) Wire dans leur cœur. C’est une ressemblance de fait, pas une copie volontaire.

Côté références, ils ont eu droit à une session sur la meilleure radio musicale de la planète entière, KEXP de Seattle. Ils ne sont pas nombreux les groupes français qui peuvent en dire autant. D’ailleurs, une version de Thousand Shadows présente ici y figurait. Cet album fournit donc un rock noisy bien plaisant dans sa fausse placidité (So Sorry), tendu et nerveux, carré comme du post-punk (Mediterranean) ou avec plus de lourdeur, un peu stoner, un rien psyché (Talking To The Rats). On termine selon une tradition souvent respectée par le morceau le plus long et le plus convaincant, qui prend le temps de développer ses circonvolutions.

Quand on écoute proportionnellement peu de rock, il est toujours appréciable d’avoir une dose d’électricité tendue, relevée et languide. C’est ce que vous apportera You Said Strange, l’autre sommet de Giverny.

    Article Ecrit par marc

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