lundi 21 août 2006, par
Il faut le dire tout net : qui peut prétendre mieux incarner le rock français que Noir Désir ? Finalement, il n’existe pas non plus dans le rock anglo-saxon d’équivalent véritable dans la recherche musicale, l’intensité de l’interprétation et l’engagement politique.
Cet album était prévu de longue date, mais il va de soi que le crime dont s’est rendu coupable Bertrand Cantat a logiquement perturbé la sortie. Deux ans plus tard donc, Noir Désir redevient ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : un excellent groupe de rock.
Noir Désir c’est notamment une voix, chaude, capable d’éructer ou d’injecter de la ferveur sur n’importe quoi. Les gens qui chantent comme si leur vie en dépendait en ayant un organe pareil ne peuvent que toucher. La chair de poule provoquée ne trompe pas. Essayez de trouver quelqu’un pour reprendre ’Des armes’, juste pour rigoler...
Leur dernier album studio, Des visages, des figures était un peu froid d’aspect. On apprécie d’autant mieux la chaleur des versions proposées ici. Mais le piège de l’uniformité que pouvait présenter Dies Irae, la déflagration qui constituait le seul live officiel est évitée. A ce titre, A l’envers, à l’endroit ou Des visages, des figures prennent leur vraie dimension. C’est que le groupe a évolué depuis la tournée qui a suivi l’indispensable Tostaky. On tient donc un instantané d’un groupe en mutation perpétuelle, emmenant son répertoire au gré de son humeur.
24 titres, ça permet de balayer un peu toute la carrière du groupe. Même s’il ne reste que peu de traces des deux premiers albums. Les incunables Les écorchés ou A l’arrière des taxis gardent intact leur potentiel malgré des moments plus policés. Les versions sont parfois surprenantes. Comme ce One trip, one noise qui reçoit un traîtement qui s’inspire de celui infligé par Treponem pal sur l’album de remixes One trip one noise.
Certains titres trop connus et un peu surfaits (L’homme pressé) sont un rien décalés ou carrément absents (Un jour en France). Il y a même un vrai morceau de Brel dedans, Ces gens-là qui figurait déjà dans la compilation Du ciment sous les plaines. Le mode expressif du grand Jacques trouve bien évidemment preneur. Le tout se termine par un texte Ce n’est pas moi qui clame mis en musique de façon presque hypnotique. L’exercice est périlleux et le ridicule est évité mais bon, ce n’est pas renversant non plus. Parfois aussi on peut noter un peu de complaisance dans de longues versions. Mais une fois dans la salle on ne voit pas le temps passer.
Le public intervient finalement assez peu dans les morceaux (sauf sur Comme elle vient), ce qui rompt avec une certaine tradition française de la captation en public. De plus, il n’y a jamais de ballade, juste des moments de recueillement, toujours à la limite de la rupture (Lolita nie en bloc, A ton étoile).
Quoiqu’il en soit, voici une introduction indispensable à la carrière du groupe bordelais pour les néophytes mais qui comporte suffisamment d’intérêt intrinsèque pour devenir le disque de chevet de ceux qui connaissent.
Une autre utilité de ce disque est de rappeler à ceux qui prennent les pilleurs comme Luke au sérieux que l’original est infiniment supérieur à la copie. Epitaphe pour le groupe ? Seul l’avenir nous le dira mais les retrouver sur disque est un plaisir qui ne se boude pas. (M.)
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