vendredi 27 mai 2022, par
On associe depuis toujours Sharon Van Etten à Shearwater. Outre un copinage qui les a vus partager la scène le temps d’une tournée et de quelques morceaux, il y a cette pureté, cette émotion affleurante qui émeut sans autre forme de procès. C’est un don que certains artistes ont. S’ils parlent tous peu ou prou d’eux-mêmes, certains semblent parler à chaque auditeur en particulier.
Mais si Jonathan Meiburg a ce chant qui touche à la perfection, il y a ici une fêlure plus qu’humaine. Un peu de fausseté même sur Darkness Fades (grand morceau par ailleurs). Mais comme ce n’est pas généralisé, on peut raisonnablement penser qu’il s’agit d’un effet. Pour reprendre un récent exemple brillant, elle semble plus s’exposer personnellement qu’Emily Jane White ou Lana Del Rey. Tant qu’à citer des artistes, I’ll Try a un vibrato et une intensité qui la rapproche d’artistes comme Anna Calvi ou Angel Olsen ou Marissa Nadler. Un club huppé donc.
Les montées sont plus douces peut-être (Born, Home to Me) même si c’est très chargé il faut le dire. Il y a pourtant ici peu de morceaux intimes (Darkish), même si elle peut prendre un ton plus alangui sur Born avant d’enclencher la surmultipliée. L’album prend de la consistance avec des sons plus âpres (Headspace). On est alors projeté dans une dimension supérieure qui nous vaudra aussi bien une power-ballad poignante (Come Back). Si le niveau reste élevé, on retiendra donc ces sommets.
Parler de chanteuses d’exception peut sembler un peu spécieux si on considère le nombre de celles qu’on chérit ici. A ce panthéon fort bien fréquenté, il conviendra d’ajouter Sharon Van Etten qui arrive à combiner excellence (condition d’accès minimum pour ce club) et une personnalité bien marquée.
https://sharonvanetten.bandcamp.com/
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