mercredi 28 septembre 2022, par
Rester au sommet est, paraît-il, plus compliqué que de s’y hisser. Ne sachant rien du succès, on va croire le poncif sur parole. S’il en est un qui peut se targuer d’être au faîte de la chanson française c’est bien Benjamin Biolay. Et pour y rester, on va dire qu’il a décidé de jouer sur ses qualités.
Comme sur l’excellent Grand-Prix, le début de cet album est percutant. Les Joues Roses et Rends L’Amour ! sont deux morceaux immédiats et plutôt irrésistibles, têtes de gondoles évidentes de ce Saint-Clair. Et puis ça retombe un peu avec Les Lumières de La Ville. On n’ira pas jusqu’à dire que ça nous rassure mais c’est aussi la preuve qu’il n’est pas complétement en pilotage automatique, appliquant ad libitum une formule qui marche. Et on peut y voir aussi un effet d’albums toujours généreusement garnis. Pas question pour lui de sortir une version augmentée dans quelques mois si le succès est là comme le veut l’irritante habitude francophone.
Certains morceaux sont tellement typiques de lui qu’on pourrait croire Petit Chat créé par une intelligence artificielle. Mais il faut reconnaitre que tous ces morceaux qui passent sans coup férir sur le gros son et la vitesse et l’expérience. De la beauté où il n’y en a plus et Pieds nus sur le sable appliquent à merveille son envie de gros son, tout comme la plage titulaire qui claque indéniablement.
L’âge est bien abordé, ne tombant pas dans les pièges opposés du ’toujours jeune’ et du cynisme désabusé. Il semble en tous cas apaisé mais toujours motivé. On sent que l’envie de faire la fête est là mais que le corps ne va pas nécessairement suivre sur Numéros Magiques. Mais on aime aussi ses On aime ses tendances plus sincères et touchantes sur (Un) Ravel ou la beauté simple de Sainte-Rita qui renvoie à ses remarqués premiers albums, quand le succès était surtout critique.
Avec Clara Luciani on peut parler de rencontre au sommet avec deux des artistes francophones les plus en vue. Ils sont chacun de leur côté des spécialistes du duo et le confirment ici même si le potentiel d’émotion a déjà été plus haut avec eux (Clara avec Pierre Lapointe, Benjamin avec Jeanne Cherhal par exemple).
Faut-il se réjouir que Benjamin Biolay se stabilise ? Oui, sans doute. Si ceci n’est pas le meilleur de ses albums, il témoigne d’une envie qu’on devine sincère et passe avec un vrai plaisir d’un coup d’un seul sur la vitesse et l’indéniable savoir-faire. Arrivé au sommet, il a sans doute compris comment y rester durablement.
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