Accueil > Critiques > 2023

Edouard Ferlet - PIANOïD²

vendredi 3 novembre 2023, par marc


L’EP sorti l’an passé nous avait déjà signalé le talent et la singularité d’Édouard Ferlet. On rappelle donc la singularité de son procédé. Il utilise deux pianos dont un mécanique piloté par une machine semble dialoguer avec celui qu’il manipule en direct. Ce pilotage crée un dialogue, indéniablement, mais s’il permet de se laisser surprendre, il faut tout de même une sacrée maitrise.

Pas de souci à avoir, elle est bien là. Si Reset permettait de s’en faire une idée (trois de ses quatre morceaux se retrouvent ici d’ailleurs), l’album ’complet’ montre une versatilité plus grande encore. Herd Instinct montre que ça façon d’inclure des rythmiques est particulière et si elle semble synthétique, ça ne sent pas la boite à rythme. C’est là que ses procédés plus compliqués prennent tout leur sens. Par rapport à des artistes mêlant le piano et d’autres éléments plus électronique (Nils Frahm, Tim Linghaus...) le résultat semble plus organique.

On s’éloigne un peu du piano solo donc, ou plus précisément on le complète. Quand le piano est laissé plus seul, la tonalité peut se rapprocher des exercices de Yann Tiersen. C’est une petite indication dans la pléthore des exemples du genre. Mais Rain montre une virtuosité jazz qui définit l’amplitude de son style. Excess décline ce style sur un tempo plus élevé. Il y a même Babx qui vient déclamer sur Bord De Nuit. Sur la longueur d’un album c’est une pause qui est pertinente.

Si ce que proposait Edouard Ferlet le temps d’un EP était séduisant, avoir accès à un album plus long permet de prendre la mesure de l’amplitude de ses capacités et des résultats. Cet album instrumental profite de son originalité de procédé pour séduire, et c’est bien là le principal.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Edouard Ferlet - PIANOïD² 4 novembre 2023 07:48, par Laurent

    C’est assez fascinant, et je te remercie en particulier de nous avoir signalé le morceau avec Babx. Ce dernier a sorti récemment un album pianistique, avant un retour promis au format chanson dont je suis impatient. Le superbe Bord de Nuit aide à patienter de la plus belle manière.

    repondre message

  • Snowdrops – Singing Stones (Volume 1)

    Parmi les nombreux projets de Christine Ott (citons aussi The Cry ou Theodore Wild Ride en sus de ses albums solo), Snowdrops est sans doute le plus ambient, celui qui fait la part la plus belle aux textures de son. Avec son comparse Mathieu Gabry, ils ne reculent devant aucune évocation. Sur ce troisième album, c’est un monde plus minéral qui est considéré.
    De façon plus atmosphérique, ce (…)

  • Séance de rattrapage #121 - Carmen Sea, Chris Garneau, Chistine Ott

    Carmen Sea – Sorry (EP)
    Parmi les inspirations étranges, le quatuor parisien Carmen Sea en a une qui détonne. Cet EP est en effet basé sur un accident routier qu’ils ont subi un soir de retour de concert. Ils s’en sont sortis indemnes et avec une énergie qui les a poussés à relater tout ça sur cet EP. Enfin, quand on dit ‘relater’ tout est relatif parce que la musique est essentiellement (…)

  • Ô Lake – Still

    On avait déjà croisé le chemin d’Ô Lake à l’occasion d’une très réussie musique de film. On ne sera pas décontenancés donc par cet album du projet de Sylvain Texier qui utilise la même base avec le même style qui se voit décliné de plusieurs façons.
    Evidemment, il y a du clavier et des cordes, pour un mélange ample et mélodique mais quand il y a un peu de batterie synthétique, elle ne (…)

  • Denis Frajerman - Tiphaine

    Parfait pour écouter dans votre bain !
    C’est ainsi que la présentation de cet album de Denis Frajerman se conclut. Tout d’abord, faute d’avoir une baignoire sous la main pour vérifier le propos, il convient de réétalonner la perception qu’on peut avoir d’un artiste. A l’aune de ce qu’on a pu entendre de la part du violoniste du côté de Palo Alto ou des imposantes Variations Volodine (…)

  • Underworld - Strawberry Hotel

    Il est des artistes qui mieux que d’autres nous ont donné des envies d’ailleurs, de champs musicaux inexplorés. Pour les amateurs de rock au sens large, des gens comme Underworld ont été des passeurs, comme New Order avait pu l’être pour des gens (encore) plus âgés que nous.
    Cette émancipation auditive était aussi bien ancrée dans son époque, et s’il n’est pas incroyable de retrouver le (…)

  • Paris Orly – La Réserve

    Le fond et la forme. La forme et le fond. Paroles et musique. La dualité est bien connue et on la retrouve ici, bien mise en avant sur ce premier album de Stéphane Loisel. Des mélanges sont encore à tenter et celui-ci a sa personnalité propre.
    Sur la forme tout d’abord, on peut dire que c’est réussi puisque des versions instrumentales pourraient fonctionner. Italo-disco, electro, le (…)

  • La Démesure du Pas – Migratory Music

    Si le hasard ou l’habitude vous guident vers ces colonnes, c’est qu’une certaine curiosité musicale vous titille. Partant de ce postulat, on se permet souvent de plonger dans des pans plus aventureux de la musique, quitte à s’y perdre parfois. Cet album parait sur Ormo records qui nous avait déjà gratifié d’œuvres comme Alan Regardin ou No Tongues, défricheurs de possibles (ref belge) (…)

  • Bear of Bombay - PsychoDreamElectroGaze

    Lire une étiquette est une règle de bonne pratique avant d’ingurgiter quelque chose. Le nom de l’album du Milanais Lorenzo Parisini qui officie sous le nom de Bear of Bombay ne laisse planer que peu de doute quant à son contenu et on l’avale d’un coup d’un seul en parfaite connaissance de cause.
    PsychoDreamElectroGaze donc... Tout est là, avec une densité certaine de Tears From Space, qui (…)