vendredi 23 juin 2006, par
Le choix ne sera discuté par personne de sérieux puisque cet album a été bombardé album de la décennie par ‘Les Inrockuptibles’, ce qui a donné lieu à un hommage où le meilleur (Placebo et Supergrass s’en sont très bien sortis) alterne avec le nettement plus lourdingue (un Divine comedy peu inspiré parti pour l’eurovision).
Quand on fait se rencontrer un vocaliste hors pair et un guitariste novateur, la magie n’opère pas forcément mais avec Morrissey et Johnny Marr l’alchimie a bel et bien eu lieu. Nous sommes en 1984 et leur premier album éponyme sonne le renouveau de ce qui sera (et est encore dans une certaine mesure – celui qui me parle de Duran-Duran se prend deux claques) LE son anglais des eighties. Originaires de Manchester, comme Joy Division (signalons par ailleurs que ce joli nom désignait le quartier des bordels dans les camps de concentration), comme aussi tout le mouvement ‘baggy’, Happy Mondays et Stone roses en tête qui vont s’engouffrer dans la brèche des groupes dansants avec des guitares. Celle de Marr a quelque chose de surnaturel et aérien. Servis par une section rythmique en béton, nos deux amis s’en donnent à cœur joie. Tranchant avec le jeu des guitar-heroes en vogue à l’époque, les solos sont ici proscrits. Etes-vous toujours un être humain si vous résistez à la bougeotte obligatoire que vous procurera Bigmouth strikes again ? Un coup d’œil aux paroles de ce monument vous convaincra de l’humour de Morrissey : ‘Sweetness, sweetness, I was only joking when I said I’d like to smash every tooth in your head…’
Puis viendront les albums de la confirmation et les innombrables collections de chutes qui constituent une bonne moitié de leur discographie. Mais que ce soit clair, il ne s’agit même pas de sorties posthumes quelconques mais de morceaux ne faisant pas toujours l’objet d’un album.
Le mélange d’un certain pessimisme des paroles (I know it’s over ou Last night I dreamt that somebody loved me) tranche avec le rythme enlevé. Pop oui, mais les esprits même gavés de rock de bas étage y voient tout de même un monument du spleen britton. Je veux seulement dire qu’on n’est pas ici chez les premiers Cure par exemple. Un morceau comme Some girls are bigger than others ne peut pas être foncièrement déprimant sauf pour les filles concernées bien sûr).
Il est deux ou trois groupes au sujet desquels je ne ferai jamais marche arrière et The Smiths berce ma vie depuis plus de dix ans. Aucun autre band ne refera Girlfriend in a coma, Girl afraid ou Still ill. (M.)