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Kate Nash – 9 Sad Symphonies

vendredi 21 juin 2024, par marc


Nous sommes en 2013. Après un premier album acclamé emmené par le tube Foundations, la star de Myspace a confirmé avec My Best Friend Is You la plupart des espoirs placés en elle et la voici en position de définitivement asseoir son statut avec un troisième album traditionnellement piégeux. Mais elle va relever le défi.

Sauf que vous savez que ça ne ça ne s’est pas passé comme ça. Larguée par son label après le second album, elle s’est tournée vers le crowdfunding pour Girl Talk et puis s’est diversifiée. En écrivant et jouant une comédie musicale (Only Gold), en jouant dans la série Glow notamment. Le coup d’arrêt imposé à tout le monde par la pandémie a relancé ses envies musicales et cet album fini existait fin 2021 mais n’avait pas de label. Un buzz plus tard (merci Tik-Tok), la voici hébergée par l’excellent label Kill Rock Stars (Eliott Smith et plein de choses dont on parle ici, Habibi, Sarah Mary Chadwick, Caleb Nichols, Tamar Aphek, Shamir...) qui la voulait depuis longtemps.

Gageons que toutes ces expériences ont nourri cet album qui témoigne d’une verve réelle et semble reprendre le fil interrompu il y a plus de dix ans. Millions of Heartbeats est le genre d’hymne qu’on attend d’elle. Enfin, qu’on avait accepté de ne plus entendre mais qu’on retrouve avec plaisir. C’est dense sans être pompier, enlevé sans être hystérique, bref, de la belle ouvrage.

Si c’est plus pop et variété que ce qu’on avait entendu de sa part, le tout est fort relevé (Misery, My Bile, excellents), et on peut supposer qu’une partie de la réussite est à attribuer au producteur danois Frederik Thaae avec qui elle avait travaillé sur sa comédie musicale. L’ample Space Odyssey 2001 convoque beaucoup de cordes. Et c’est plutôt cru aussi. Et puis on apprend qu’aller voir un film aussi long pour un premier rancart ce n’est pas une bonne idée. A l’opposé, la simplicité folk de Vampire montre que le songwriting est toujours au top.

On n’est plus dans le punk engagé mais sa verdeur de langage n’a par contre jamais varié, on l’aime aussi pour ça et Wasteman est franc et direct comme on l’aime chez elle. Direct aussi, Ray traite plus frontalement de problèmes de santé mentale. Elle ne s’est jamais cachée, elle ne va pas commencer maintenant.

Les chemins de la vie sont parfois tortueux et les discographies le reflètent forcément. Il s’en est passé des choses dans la vie et la carrière de Kate Nash ces 15 dernières années mais ces retrouvailles sont émaillées de souvenirs, certes, mais aussi d’une verve intacte et de morceaux qui claquent.

    Article Ecrit par marc

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2 Messages

  • Kate Nash – 9 Sad Symphonies 23 juin 06:38, par Laurent

    Dès la mention du nom de Kate Nash, j’ai été instantanément hypé. Mais oui, ça faisait si longtemps... puis m’est revenu en mémoire son pas si mémorable album de 2018, déjà très pop, pas déshonorant mais franchement anecdotique (j’avais même oublié son existence), et puis j’ai réécouté le reste en amont et je me rends compte que "Girl Talk" n’était déjà pas incroyable non plus, et que les morceaux vraiment marquants n’ont pas été si nombreux depuis le début.

    Alors pourquoi cette excitation à l’idée d’un nouveau Kate Nash ? Il faut croire qu’à l’instant T, l’artiste procure toujours sont lot de sensations, des petits bonheurs fugitifs et impermanents. Le nouveau venu ne déroge pas à la règle, j’ai même envie de croire que c’est son meilleur ou un de ses deux meilleurs disques, mais je sens déjà que je n’en garderai presque aucun stigmate sinon le souvenir d’un label qualité qui m’excitera à la prochaine sortie.

    Les chansons sont pourtant vraiment bien. Les arrangements, je me demande. J’ai bien compris que les cordes constituaient le thème sonore de l’album, mais ça dégouline quand même beaucoup. Ça me rappelle quand Jon Brion avait produit le 3e Fiona Apple, qui n’a pas laissé une trace durable non plus, comparé au reste de sa disco. Mais à l’instant T, oui, c’est super. C’est déjà ça et c’est pour ça qu’on continuera de la suivre les yeux fermés.

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    • Kate Nash – 9 Sad Symphonies 29 juin 10:00, par marc

      Girl Talk m’avait aussi laissé un souvenir mitigé, à tel point que j’avais laissé passer (involontairement) le suivant. Celui-ci marque un vrai retour en forme, et même si les arrangements ont clairement un goût de trop plutôt qu’un goût de trop peu, ça lui convient plutôt bien. Et puis en empilant les écoutes, l’album semble meilleur, ce qui est toujours un bon signe.

      On s’en rappellera sans doute au moment des bilans de fin d’année et probablement pas au delà mais comme le chantait le poète "c’est déjà ça".

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