mercredi 17 juillet 2024, par
La recherche de l’inouï est un des nombreux carburants de cet étrange hobby de critique musicale. Cette épithète n’est d’ailleurs pas à prendre dans l’acception de sensationnel mais de jamais entendu. Ou du moins pas comme ça. Et c’est précisément ce qu’offre cet album de Sylvain Fesson. Et c’est pourquoi on fait une exception nécessaire à l’habitude de ne critiquer que l’actualité. Parce qu’il serait dommage de passer à côté de cette parution de 2023. Avec en plus le bénéfice collatéral que maintenant, toutes les chansons ont leur clip, renforçant le côté unique de cet Origami.
On l’a dit, si les formes complètement nouvelles sont rares, voire illusoires, il existe encore des interstices, un espace pour que l’originalité puisse émerger. Vraiment déroutés, vous ne le serez vraisemblablement pas, sauf à avoir une vision très restreinte de la chanson française. Les voix ne sont pas poussées exagérément en avant. Et paradoxalement, ça renforce la poésie. On a déjà dit à quel point c’est subjectif mais il existe tellement d’exemples qui nous touchent moins que quand la magie opère on n’en est que plus satisfaits. On ne décrira donc presque rien ici, pour ne pas déflorer le propos, certes, mais le plaisir d’écoute vient de cette substance, de cette empathie qu’il est trop compliqué de définir.
Et Origami n’est pas non plus arrivé d’un coup d’un seul. Si ceci vous plait, jetez aussi une oreille sur Sonique-Moi de 2015. Arthur Devreux qui était à la manœuvre musicale à l’époque a fait place ici à Vivien Pezerat et on peut dire que le duo excelle et trouve un équilibre assez remarquable. Il décrit d’ailleurs le processus dans une longue interview en deux temps (ici et ici) plutôt passionnante. Evidemment, on ne désire pas toujours savoir comment la saucisse est faite, mais quand elle est bonne ça ne dénature pas le plaisir. Rien que le fait de ne pas penser au duo Gainsbourg/Vannier est une vraie satisfaction.
Parfois est déjà un grand morceau, au patchouli certes mais franchement percutant. Les vocalises de Célinn Wadier sont en tous cas bien planantes (ça se dit encore en 2024 ?) pour appuyer une numération déroutante de nos comportements semi-rationnels. Dans la même veine un peu orientalisante, on n’avait jamais entendu un morceau comme Origami. Cette transe lysergique est le morceau central et atypique de l’album.
Ceci est aussi le genre d’album ou à chaque morceau on se dit “ah oui, elle est bien aussi celle-là !”. Par exemple Amy et son spleen sont assez irrésistible. Oui, c’est la vraie voix d’Amy Winehouse qui est samplée et triturée pour le refrain. Dans le côté plus pop du spectre, on notera Ciel de Shoah ou le plus vaporeux Center Parks, ritournelle synthétique qui s’inspire des techniques de Johnny Greenwood. Et puis, ils n’hésitent pas à crever L’Amour Au Soleil d’un sax qui n’est pas là pour s’excuser. Parce qu’on est là pour vivre le moment à fond, tout simplement.
La gamme d’Origami est donc étonnamment large. Le cliché dans le cas qui nous occupe est ‘une belle proposition de chanson’. Ce qui est un peu réducteur, certes, mais il est aussi fort compliqué de commenter autant de talent à l’œuvre. Cet album riche et complet se dévoile en première écoute mais garde d’autres saveurs pour la dixième aussi. Une excellente chose donc qu’on conseille sans réserve.
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