lundi 23 décembre 2024, par
130 albums et 19 EP critiqués (l’intégralité est ici), voilà le bilan exhaustif de cette riche année. Mais comme à chaque fois, on profite de cette période pour faire un petit bilan, pour identifier des albums qui auront marqué. Il en manque sans doute, on ne se bornera pas à réécouter ceux-ci de toute façon. Mais entre pures découvertes, retours inattendus et confirmations, il y a forcément quelque chose qui pourra plaire. L’occasion de rattraper une chose ou l’autre sans doute. On se retrouve donc en 2025 pour la 23ème année de ce site.
28. Bertier - Machine Ronde
Toujours littéraire et léchée, la musique de Bertier ose et réussit ses envies pop et on apprécie plus qu’on ne l’aurait espéré. Intelligence et humour tongue-in-cheek pour un voyage ludique et moins sérieux qu’on ne le pense.
27. Danube - Cities
Voici donc l’exemple typique de l’album qui enchante les oreilles mais dont on peine à trouver les mots pour partager l’enthousiasme. L’euphorie peut naître de sources inattendues. Complexes et tendus, les morceaux déjà connus de Danube ne laissaient pas présager cette constance et cette cohérence.
26. Nick Cave and The Bad Seeds - Wild God
L’émotion, la forte, la vraie, n’est jamais vraiment venue sur cet album. Ce qui ne signifie nullement qu’on se soit ennuyé une seconde mais cet album semble plutôt assurer sa place de prêcheur en chef qu’en artiste au sommet de sa créativité. Même s’il a produit quelques-uns de nos albums préférés des années ‘90 et si le personnage reste central sur la scène musicale actuelle, il y a trop de distance entre lui et nous pour qu’on chavire complétement à chaque parution. Mais on lui est très reconnaissants de sortir ce Wild God de bonne facture, avec une intensité indéniable même si elle repose sur des concepts qui ne sont pas les nôtres. Il est probable qu’on oublie vite cet album cependant, au contraire de son auteur.
25. Mayuko - Songs To Whistle When Strolling Along The Abyss
Ces chansons à siffloter aux abords des abysses ne ressemblent finalement à rien de bien identifiable. C’est de la pop déviante comme on l’aime, de l’art-rock accrocheur et filandreux. Le plaisir est plutôt intellectuel que sensuel mais avec la bonne dose d’abandon, on tient une des bonnes surprises de cette année.
24. Fink - Beauty In your Wake
Il a fallu en effet quelques écoutes pour que le charme déjà présent se transforme en plaisir véritable. Il faut dire aussi que certains morceaux comme So We Found Ourselves peinent à se distinguer. Mais il n’en reste pas moins que le style toujours unique de Fink trouve ici quelques grands morceaux pour s’incarner et faire de cet album un plaisir annoncé.
23. Mildfire - Kids in Traffic
Ce retour dans le temps fait un bien fou, on ne se rendait pas compte à quel point tout ça nous avait manqué. La discographie d’Einar Stray est décidément parfaite. C’est paradoxalement leur subtilité qui rend ces morceaux tellement immédiats et nous propose encore un album de garde, de ceux qui vont garder leur rondeur au fil du temps.
22. Spencer Krug - 20202021 Solo Piano
En revisitant en mode piano-voix les morceaux de son exigeant Twenty-Twenty-one, Spencer Krug renoue avec l’émotion pure qui nous avait fait chavirer chez Moonface. Cet habitué des classements revient de façon aussi surprenante que convaincante.
21. Nicolas Jules - La Reine Du Secourisme
Côté fond donc, il y a toujours cet humour distancié, cette propension à faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux. Ce qui fait qu’on a tout de suite adhéré à Nicolas Jules sans trouver la porte d’accès à un Bertrand Belin. Le conformisme étant toujours visé, ici avec Perroquet faisant écho à Mort Aux Photocopieuses de l’album précédent. On devine que ce n’est pas une pose, que c’est viscéralement ancré en lui. Et un des côté pile est la vie décrite par Les Persiennes qui contient sans doute des éléments autobiographiques. C’est désarmant de sincérité sans jamais être frontalement prosaïque. C’est la poésie qui sert de pudeur chez lui. Les géants peuvent être discrets et je vous conseille donc celui-ci.
20. Cloud Cult - Alchemy Creek
Les façons d’en faire un peu trop sont sensiblement différentes en ces temps d’hyperpop mais la sincérité de Cloud Cult a tout pour être bouleversante. Cet album témoigne d’une grande forme, d’une volonté et d’une sincérité qui semblent inépuisables.
19. Boeckner - Boeckner !
Sans se départir d’une urgence qui est depuis toujours, le très compact (8 morceaux pour 31 minutes) Boeckner ! synthétise le talent de Dan. Il va de soi qu’on conseille sans réserve même si vous n’êtes pas initiés à la constellation de formations canadiennes dont il a fait partie (Wolf Parade, Operators, Divine Fits, Handsome Furs...).
18. PERITELLE - L’Ampleur des Dégâts
Carl Rosen ne se loupe jamais. Au fil des projets, il réussit toutes ses envies. Le duo qu’il forme avec Versatyl trouve d’emblée le ton juste et ne le lache jamais. C’est tendre et drôle, très spleenesque et vite addictif
17. Underworld - Strawbery Hotel
On ne sait pas exactement quelle part a la nostalgie dans le plaisir pris à l’écoute d’un nouvel album d’Underworld en 2024 mais les écoutes répétées prouvent qu’on ne s’est pas fait cueillir à un moment favorable. Le temps ne s’écoule visiblement pas de la même façon pour tout le monde. Tant mieux pour eux. Tant mieux pour nous.
16. Yoo Doo Right - From the Heights of Our Pastureland
Arrivée tardive dans ce classement, l’impressionnante force de frappe du groupe de Montréal est vraiment délectable. Lourdeur et euphorie surviennent dans ce ciel d’orage.
15. Lescop - Rêve Parti
Une des fonctions du bilan annuel est de retrouver les albums qui ont simplement plu à l’époque mais qui sont restés des compagnons fidèles de l’année. Lescop avait beaucoup d’années d’avance sur le retour du synthétique en chanson française et met son savoir-faire au service d’un des albums les plus attachants de l’année.
14. Maxwell Farrington et le Superhomard - Pease, Wait...
Produit de niche, très spécifique et sans doute un peu temporaire à la base, ce projet prend de l’épaisseur et livre un album qui n’est plus un plaisir coupable mais un plaisir tout court.
13. Clara Luciani - Mon Sang
Le successeur de Coeur remet donc le titre de reine de la variété en jeu pour Clara Luciani. Le temps viendra sans doute confirmer qu’elle va garder son titre. Traversé par les thèmes aussi universels que personnels de la transmission et de la maternité, il impose ses refrains XXL sans coup férir.
12. The Smile - Cutouts
Comme pour éloigner plus encore le spectre de Radiohead, The Smile publie un second album en 2025, moins direct peut-être mais qui arrive à trouver de nouvelles incarnations à leur style.
11. The Smile - Wall of Eyes
Moins d’un an après leur premier album, le nouveau groupe de Thom Yorke et Johnny Greewood revient pour démontrer qu’ils sont là pour durer. Et ils proposent déjà des variations, avec un ton peut-être moins direct mais toujours au top.
10. Claude - In Extremis
Très éclectique, le premier album de Claude est forcément un peu inégal, avec une perception de la réussite qui va sans doute fortement varier d’un auditeur à l’autre. On préfère toujours se concentrer sur ce qui plait et il y a suffisamment de raisons de se réjouir pour que Claude reste une des meilleures promesses de la chanson française.
9. Fat White Family - Forgiveness is Yours
Il ne faut pas jouer les zozos pour le plaisir de faire son intéressant. En implémentant la folie dans des morceaux presque symphoniques parfois, ils cachent mal leur provocation, c’est un peu de l’entrisme musical. Plutôt que cracher sur le sorteur, il leur semble préférable de rentrer dans le club pour mettre le souk. Mais en costume. Avec des baskets orange, mais une cravate. Je ne sais pas jusqu’où cette analogie est pertinente mais la dualité de The White Family se révèle toujours aussi jouissive.
8. Kate Nash - 9 Sad Symphonies
Les chemins de la vie sont parfois tortueux et les discographies le reflètent forcément. Il s’en est passé des choses dans la vie et la carrière de Kate Nash ces 15 dernières années mais ces retrouvailles sont émaillées de souvenirs, certes, mais aussi d’une verve intacte et de morceaux qui claquent.
7. Charlie Risso - Alive
On l’a déjà souvent signalé, on aime beaucoup les EP parce qu’ils sont souvent plus réussis et cohérents que des albums. Passer de l’un à l’autre avec succès ne va jamais de soi mais certains artistes relèvent le défi avec brio. Charlie Risso profite du format long pour étendre son univers musical et montrer qu’elle a bien plus à offrir qu’une douceur nordique. La série de morceaux puissants proposés ici est en tous cas une vraie réussite.
6. Godspeed You ! Black Emperor - NO TITLE AS OF 13 FEBRUARY 2024 28,340 DEAD
Même s’il s’agit de musique instrumentale, on n’entre pas dans un album comme celui-ci avec comme but d’avoir un plaisant tapis sonore. C’est envisageable évidemment, mais ce serait passer à côté du message. Lequel passe par la musique, pas des mots engagés. Et le résultat est ce mélange complexe de terreur et d’euphorie qui prouve que non, le groupe canadien ne ressemble à aucun autre.
5. Grive - Tales of Uncertainty
On avait beau connaitre Agnès Gayraud en tant que La Féline et Paul Régimbeau comme Mondkopf mais leur rencontre ne présageait pas cet album envoûtant, entre dream-pop placide et mélancolie sourde à la Mazzy Star. Le résultat reste compact et est un de nos trips de l’année.
4. Xiu Xiu - 13"" Frank Beltrame Italian Stiletto with Bison Horn Grips
Introduction pas trop exigeante à un univers toujours surprenant, ce court album au titre kilométrique confirme Xiu Xiu dans son statut de groupe indispensable. Au-delà de la connivence, cet album est sans doute un de leurs plus percutants.
3. Loma - How Will I Live Without a Body ?
Album d’une qualité indéniable, d’une profondeur qui se dévoile progressivement, How Will I Live Without a Body est un album à contre-courant, parce que l’attention de l’auditeur est requise. Agréable à survoler, la musique de Loma devient passionnante quand on a décidé de s’y consacrer.
2. Beth Gibbons - Lives Outgrown
C’est un bon album parce qu’il a une belle coloration et d’excellents morceaux pour l’incarner, c’est aussi simple que ça. Et même si la voix de Beth Gibbons reste le point d’attraction, le manque de ressemblance littérale avec Portishead est aussi appréciable. Baigné de nostalgie dans ses thèmes, elle ne transparait pas dans les choix musicaux et même si on doit attendre son successeur pendant de nombreuses années, cet inoxydable compagnon va rester auprès de nous pendant bien longtemps.
1. The Cure - Songs of a Lost World
On aurait accepté un album juste nostalgique, on aurait même accepté que cet album n’existe pas. On n’osait pas espérer ça, à savoir un album d’une intensité de tous les instants. Résolument à contre-courant de l’époque et qui se profile comme un des meilleurs d’une discographie pas avare en haut faits. C’est magnifique et c’est pour très très longtemps.
Et on termine par une petite sélection d’EP qui nous ont bien tapé dans l’oreille, entre découverte et confirmation. C’est sans ordre particulier, juste pour ne pas oublier les autres grands moments d’écoute de 2024.
Asia - Le Temps d’Aller Mieux (EP)
On avait déjà copieusement apprécié son album de folk intimiste en anglais, on a encore plus adoré cet EP en français qui mêle rend la sincérité de la Bruxelloise tellement forte.
Mirabelle Gilis - Rivière
Emmené par un des meilleurs morceaux francophones de l’année (La Prunelle de ses Yeux), la violoniste claque un EP impeccable qui donne envie de plus.
Terestesa - Bella Facia
Le groupe féminin italo-toulousain montre des dispositions assez incroyables sur cet incandescent et varié EP.
Centredumonde - Ubac (EP)
A force de nous emballer à chaque EP, tout seul ou accompagné, Centredumonde maintient le cap et rien que ça est remarquable. On reparle de lui en 2025, c’est prévu...
Ce classement n’est pas à prendre littéralement, il aurait pu être très différent s’il avait été finalisé un autre jour. Mais la sélection globale resterait sans doute. Voici donc une poignée d’albums et EP tirés des 145 (record pour moi) critiqués cette année. Comme tous les ans, je suis curieux d’avoir vos suggestions. On se retrouve en 2024 !
26. Dark Minimal Project - Ghost of Modern (…)
C’était en octobre 2003. Ou en septembre, j’avoue que je ne sais plus trop. Fred et moi voulions faire un site, sans savoir avec qui l’alimenter. Fans de musique et de cinéma, on savait qu’on avait une énorme envie de partager, et de mettre en ligne nos avis. Pour ceux que ça intéresse, l’ancienne mouture de ce qui constitue l’ancêtre de mescritiques.be est ici. Et oui, il y avait déjà (…)
Le mieux de ce que j’ai préféré
Cette année encore, je ne vais pas faire semblant de ne pas aimer l’exercice des bilans. Tous les douze mois, on peut légitimement jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et tenter de rassembler ses meilleurs (ou pas) souvenirs.
Alors, une bonne cuvée cette année 2012 ? Assurément, oui, même si j’avoue qu’à de rares exceptions près, c’est-à-dire les années (…)
Petits paquets
Cette année, la difficulté de parvenir à constituer un classement m’a fait changer de système. C’est donc par petits paquets que je vous présente ce que j’ai préféré cette année. D’ores et déjà une excellente année 2012 à tous, en joie et en musique ! Les tout bons Akron/Family - S/T II : The Cosmic Birth and Journey of Shinju TNT Battles - Gloss Drop Beirut - The Rip Tide (…)