Accueil > Critiques > 2025

Jawhar - Khyoot

vendredi 24 janvier 2025, par marc


Comme Raoul Vignal dans un genre proche, l’évolution de Jawhar l’amène à plus de douceur, à plus de rondeur, avec une vraie beauté qui en résulte, un peu différente de celle des débuts, mais tout autant indéniable. Lui qu’on avait notamment entendu aux côtés de Françoiz Breut ou Monolithe Noir dans un passé récent, il reprend ici le fil de sa discographie avec une certaine continuité. Ne comptez pas sur nous pour le déplorer.

Non, on ne peut pas se lancer dans une exégèse des textes, la langue arabe nous étant toujours mystérieuse. Mais ça reste une particularité forte. Pas de français ni d’anglais donc, ces langues le rapprochant de Betrand Belin ou Piers Faccini respectivement. Ce dernier est un point de référence pertinent, il partage avec lui la finesse d’écriture et une ressemblance de moins en moins littérale avec le maître Nick Drake. La voix reste un des atouts de Jawhar, l’équilibre entre sa douceur et la métrique plus abrupte à nos oreilles de l’Arabe est remarquable. Tant qu’on en est dans les satisfactions, on signale aussi les beaux accords vocaux avec Azza Mezghani.

Même si la fréquentation de ses trois albums précédentsnous avait habitués à son style, cette intimité finit par nous sauter à la figure comme sur Howwa. Les mélodies sont bien là. Et puis fond quand Chochreet sort quelques notes de clavier. Il en faut peu pour faire monter l’intensité de deux crans. Pour le reste, on cède à la beauté intemporelle d’un Laghreeb tout en profitant de la relative légèreté du plus bucolique Asfour. Ce très bel album nous laisse avec l’impression de cocon sonore qui enrobe une poésie d’autant plus belle qu’elle nous est inaccessible.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Raoul Vignal – Shadow Bands

    On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)

  • The Golden Son - I am Who am I

    On l’a dit, on connait remarquablement peu d’artistes pour les plus de 2000 critiques écrites ici. Pourtant quelques camaraderies virtuelles ont pu se développer. A force de commenter les albums de The Imaginary Suitcase, j’ai même eu droit à une écoute préliminaire de cet album. Ceci est juste une petite mise au point au cas où vous viendrez fort légitimement douter de mon objectivité en la (…)

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Fink – Beauty In Your Wake

    Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)