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Squid – Cowards

mercredi 26 février 2025, par marc


En matière de critique, tout est question de perception. Certes, on tente de définir le contexte, de placer une œuvre dans une époque au moment où elle se déroule (oui, c’est compliqué) mais souvent, on essaie en vain de définir nos affinités électives. Et puis si on n’arrive pas à expliquer, rien ne nous empêche de partager. Ainsi, on a adoré tout de suite ce que faisait Squid. En alliant fond et forme, ils ont d’emblée été percutants et le sont restés.

Crispy Skin est dans la droite lignée de ce qu’on attend d’eux, une bonne giclée de post-punk tendu, limite kraut, avec une diction entre déclamation cockney et gouaille à la James Murphy. Mais ce n’est pas le seul moyen d’expression d’Ollie Judge, on l’entend dans des registres très différents sur ce morceau très ample. On retrouve cette même veine au détour de Showtime !, grand morceau rampant et anguleux.

Souffler le chaud et le froid est un art que le poulpe maitrise comme en témoigne Blood on the Boulders. Fieldworks II montre une intensité organique qu’on ne leur connaissait pas. Le violon apporte beaucoup à ces éruptions. On retrouve la verve inquiétante d’un Black Country, New Road. Mais ils peuvent rester plus abrasifs comme Cro-Magnon Man et c’est toujours réjouissant surtout qu’ils gardent une maîtrise totale de leur folie, tout comme ils peuvent maintenir Cowards sous l’éteignoir avant de laisser la vapeur s’échapper. Well Met boucle le tout avec la lenteur et la lourdeur qui conviennent

Après Ô Monolith qui capitalisait sur les acquis du très marquant Bright Green Field, Squid reprend sa route vers les sommets, avec une intensité folle et une palette qui va en s’élargissant.

    Article Ecrit par marc

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