vendredi 20 juin 2025, par

Dans les tests automobiles, tous les articles sortent en même temps et décrivent la même prise en main du véhicule conduit en même temps par une horde de journalistes invités. Mais les impressions les plus pertinentes viennent souvent des essais longue durée disponibles plus tard. Souvent pris par la vitesse des sorties, on essaie de compiler un avis pour coller à l’actualité, on prend rarement le temps de parler d’un album qui accompagne longtemps, et c’est parfois dommage. Surtout si comme dans le cas qui nous occupe il est devenu le break de la famille.
A priori, s’aventurer sur les terres d’Iliona, c’était l’exotisme, une excursion dans une chanson française moderne et qui a un succès (mérité). Entendre Lâche-Moi La Main à la radio n’avait pas suffi. C’était intrigant, certes, un rien différent mais les premières écoutes n’avaient pas permis de sonder la profondeur d’un morceau pareil. Plusieurs dizaines de passages plus tard, ce morceau confirme qu’il fait partie des grandes choses de 2025.
C’est 23 qui a été le point de basculement, le genre de secousse qui se présente comme un cadeau de temps à autres. Il frappe encore et encore et ce genre d’autobiographie express qui fait le tour et le point sur la personnalité de la Bruxelloise est désarmante de sincérité. Cette fausse allégresse de la fin est parfaitement raccord avec ce qui est relaté.
Si être autrice/compositrice n’est pas une obligation, et s’il convient de se cantonner à ce qu’on fait bien, il faut admettre que la voir aux commandes ici impose une cohérence remarquable. Et des chouettes idées comme ce son d’ouvre-bouteille.
On le comprend bien vite, ceci est un album de rupture. Une ou plusieurs, on ne sait pas trop. Mais la blessure n’est pas pansée, on est dans le juste-après. Mais il y a aussi un fatalisme qui surgit de tout ça, pas encore transformé en énergie et le subjectif joue en plein. Et le résultat est une très grande empathie. Le chant est au-delà de l’intime sur Rater Une Rupture Pour Les Nuls (joli titre...), il s’étrangle même et bon, ce n’est rien moins que poignant. Encore une fois, les idées de production sont réussies, comme ce son plus flou qui vient couper à la racine toute tentative de pathos et amplifier le trouble. Elle ne joue pas non plus d’une fausse flamboyance de la loose parce que l’époque n’est plus à ça.
Si vous me passez l’expression cavalière, elle n’en tape pas une à côté. Certainement pas sur le rock sans guitares de Le Lapin ou le faux folk de Fishsticks qui montre un certain sens mélodique.
Mais il y a aussi des morceaux qui s’éloignent du thème général et on est pris de court une fois qu’on réalise ce que cette évocation recouvre. Il en existe une version encore plus frappante ici de Ça N’existe Pas et on se souvient pourquoi on avait tant adoré les failles de Pomme.
Dans cette année qui voit des quadras/quinquas en forme acceptable mais pas transcendante (Barbara Carlotti, Jeanne Cherhal, Albin de la Simone et ce qu’on a entendu deVincent Delerm et Benjamin Biolay), cet album d’une sincérité bluffante fait un bien fou. Le fond et la forme s’allient au mieux pour créer une émotion forte qu’on n’avait plus ressenti depuis un petit temps.
On sait qu’un nouvel album de Vincent Delerm n’est pas vraiment nouveau. Ce n’est pas ce qu’on attend de lui de toute façon et on s’est souvent surpris à penser qu’on avait déjà entendu certains morceaux. Mais on ne s’est jamais lassés, parce qu’on sait qu’on peut rester conservateur sans être nécessairement ringard. Ce que d’autres n’ont pas compris.
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