vendredi 23 juin 2006, par
Evidemment, quand on considère les auteurs qui étaient à la mode au XIXème ou, qui, selon les critiques de l’époque “devaient aller loin”, on se rend compte de l’impossibilité d’envoyer un groupe dans la postérité (le Velvet Underground faisait des bides). Néanmoins, il semble que ces natifs de Bristol soient bien partis pour être LE groupe phare de la décennie. L’album choisi est le premier, sorti en 1991 et qui va durablement marquer le paysage musical (imaginez seulement que cette année-là, on pensait que l’avenir de la musique s’appelait Nirvana !) des années 90.
Mais qu’est-ce qui est radicalement neuf sur cet album ? Est-ce l’utilisation simultanée de boucles inspirées ? La présence de chanteuses fameuses ? La présence de titres inoubliables ? Sans doute un peu de tout ça, avec en plus une cohésion qui frise la perfection. Car c’est le groupe qui rend le rap léger et formidable, ce dont ne sont sûrement pas convaincus mes courageux lecteur, qui sort le reggae du ghetto, qui met des lignes de basse entêtantes au service de mélodies imparables.
Et puis un groupe ne peut être réductible à un concept, il faut des chansons fortes. Soit vous avez déjà entendu Unfinished Sympathy soit vous devez le faire, je ne vous laisserai pas quitter ce bas monde sans avoir la délicieuse sensation d’avoir connu ça. Car on se retrouve sans doute devant un morceau qui a fait frissonner des milliers de gens. Les éléments de ce titre comme ceux des autres sont courants, voire banaux par moment mais ce qui les distingue de l’atroce R’n B servi au kilo par les radios est l’intensité quasi mystique qui s’en dégage. Et il ne faut pas, comme souvent, se concentrer des heures pour en tirer la substantifique moelle.
Dès les premières secondes, le son vous invite et ne vous lâche plus. Inviter une chanteuse comme Sarah Nelson est une riche idée qui transcende non seulement le morceau déjà cité mais aussi un Safe from harm qui séduit dès les premières notes. On devinait déjà que plus rien ne serait pareil et on avait raison. Plus tard, un des membres fondateurs quittera le groupe pour voler de ses propres ailes : il s’agit de Tricky bien sûr mais ceci est de l’autre histoire. L’album suivant se nomme Protection et est, il faut bien l’avouer d’une facture plus froide, amollie par moment par des instrumentaux pas toujours convaincants (signés Craig Armstrong qui fut la première signature de leur label Mélancolik pour qui il a sorti un album qui le désigne comme un successeur de Scott Walker) mais traversé de moments de pur bonheur comme la plage titulaire (chantée par Tracey Thorn, mais si, la chanteuse de Everything but the girl) ou Karmacoma.
Le troisième semble marquer un visage plus sombre, plus orienté rock (tout est relatif même si certaines guitares se font plus incisives et si The Cure est crédité d’un sample) et d’une redoutable efficacité.
Dois-je ajouter que ce groupe défend sur scène tous ces titres d’une façon époustouflante ? (M.)