lundi 28 août 2006, par
Un pas de côté pour l’intensité
Disons-le tout de suite, Shearwater aura toujours ma considération pour avoir un jour sorti un morceau imparable de la trempe de My Good Deed, qui reste selon moi un des plus forts morceaux folk jamais enregistrés (Sur l’inégal Winged Life).
En fait, Shearwater est le side-project de membres d’Okkervil River, le claviériste ayant même carrément lâché ce dernier groupe pour se consacrer entièrement à Shearwater et certains titres portés par cet instrument sont là pour nous le rappeler. C’est d’ailleurs dans ces moments qui sortent de leur ordinaire qu’ils se révèlent plus puissants comme Johnny Viola ou Seventy-four, Seventy-five qui n’est heureusement pas une reprise du morceau homonyme des Connels. L’adjonction de cuivres et de guitares plus électriques emmène le groupe vers des sphères un rien plus bruyantes (tout est très relatif) qui leur sont plutôt inhabituelles mais qui leur vont plutôt bien. Dans le même ordre d’idées, quand le chant se fait plus intense (Hail, Mary), l’attention augmente.
Elle se maintient aussi quand on croise en route l’inattendu spectre de Radiohead (Palo Santo) mais en plus délicat, plus tire larmes encore peut-être.
D’une manière générale, la voix de tête sur renforce s’il en était besoin (selon moi, non) l’impression de fragilité (Nobody). C’est ce qui n’autorise l’écoute de certains morceaux que dans un état d’esprit bien réceptif. Ceci n’enlève rien à leurs qualités intrinsèques mais on a un album qui fonctionne ainsi à deux vitesses.
Les moins jeunes ou les plus au fait du passé se remémoreront le If de Pink Floyd (1970 tout de même) sur l’intro de Sing Little Birdie. La suite les fera revenir 36 ans plus tard.
Quand l’album se termine, nous avons eu notre dose de Shearwater, c’est-à-dire de douceur folk nécessaire. Pas plus puisque leurs sommets du passé sont inégalables, mais pas moins non plus puisqu’ils élargissent leurs perspectives. (M.)
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