lundi 28 août 2006, par
« Qu’un être du sexe opposé au mien me jette à l’âme la fulgurante éclaboussure de son gai désespoir et je craque ». Ce sont des mots de Pierre Despoges que non seulement je partage dans la vraie vie, mais qui s’appliquent bien à cet album d’El Perro Del Mar. Sous cet effrayant patronyme se cache l’oeuvre d’une chanteuse suédoise. La vie est bizarre parfois.
Toutes les années voient une fille nous apporter de la douceur musicale. La livraison de cette année est sans doute aussi la plus addictive. Voilà, j’ai fondu comme un petit sucre. La faute à quoi ? A la voix d’abord. Une voix un peu triste, mélancolique disons, de fille larguée. Larguée de la vie (I can’t understand people/And I Guess It’s Allright/They can’t understand me) larguée récemment par un homme aussi visiblement (All the feelings you got for me/Is like the feelings for a dog). Pour rendre intéressant des shoo-be-do-wap-wap, sha-la-la-lala, voire un be-bop-a-lula, il faut un certain talent, du culot ainsi qu’un goût pour le décalage. Elle a tout ça donc ça fonctionne.
Les paroles sont souvent répétitives, comme de petites incantations pop. Tout tourne autour d’une idée souvent bonne réitérée à l’envi. Ce qui me permet de comprendre aussi plus facilement qu’une logorrhée à la Dylan.
Les orchestrations se limitent souvent à une guitare acoustique rehaussé d’un discret clavier. Mais ce n’est jamais minimaliste non plus. Un petit cuivre est parfois le bienvenu (Here Comes That Feeling).
Les gens que ce genre de considération amuse trouveront de grandes similitudes entre l’intro de Party et celle de Tout Compte Fait de Miossec. Je me rends bien compte que ce n’est pas une majorité.
Dans le deuxième partie, la voix se fait plus douce et moins plaintive, comme si elle venait de se remettre de son gros chagrin et qu’il ne lui reste plus que sa délicatesse et sa fragilité. Elle chante d’ailleurs I Lost The Blues For You sur Coming Down The Hill, It’s so good, take a new road and never look back sur It’s All.
A ce tarif-là, trop beau pour être joli, trop tristouille pour être mièvre, trop décalé pour être déprimant, l’univers de El Perro Del Mar est attachant, forcément attachant.
Si vous aimez de petites choses délicates, ceci est pour vous. Il existe forcément des moments dans la vie où de petites touches de douceur comme celle-ci sont indispensables.
Fraîche et douce, cette petite sucrerie acidulée ne vous collera pas aux dents mais à la mémoire. (M.)
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