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Nouvelle Vague : Bande à part

mardi 29 août 2006, par marc


Ceux que la traduction littérale amuse auront déjà remarqué que Nouvelle vague se traduit dans la langue de Robert Smith par New Wave. Ce n’est évidemment pas un hasard puisqu’il s’agit d’un projet français de reprises de standards des années ’80 à la sauce bossa-lounge-easy-listening. Le premier album avait suscité à la fois l’enthousiasme et la perplexité des puristes. En effet, ils avaient brisé un tabou sur le premier album en s’attaquant à Love Will Tear Us Apart de Joy Division. Rien ne doit être sacré, mais si c’est l’intensité qui a rendu ce groupe légendaire, on ne peut pas en mettre dans ces versions plus cosy. Le spleen solaire n’est pas compatible avec la dépression profonde de Ian Curtis. Ceci dit, on s’en est bien remis, mieux que de la version Bee Gees de Comfortably Numb par les Scissors Sisters par exemple.
Pour l’auditeur, l’intérêt est double : voir ce que les chansons doivent vraiment à leur composition (le son et l’interprétation constituant le reste) et l’aspect ludique du jeu de société. On ne reconnaît certains morceaux qu’au refrain ou aux souvenirs qu’on a des paroles. Des exercices identiques avaient été proposés en leur temps par Moog Cookbook (reprises entièrement à l’orgue Moog) ou plus récemment par Maxence Cyrien qui reconstruit au piano classique des titres electro-dance.

Bon, qu’est-ce qui a fourni la matière à ce second exercice de Nouvelle Vague ? Un peu de tout en somme. De Heart of Glass de Blondie qui était un reggae à la base (il en existe des versions préliminaires) surboosté à la sauce disco et qui retourne donc aux origines à des versions dépouillées de Blue Monday de New Order. A boire et à manger donc.
Si on aborde le détail, des nouvelles versions se révèlent supérieures à l’originale. On pense à Don’t Go, la scie de Yazoo. La version initiale est tellement bourrin qu’elle masque une vraie chanson. Le surplus de soul ajouté par le chanteur étant appréciable.
A l’inverse, des titres plus emblématiques comme Blue Monday montrent qu’ils doivent tout à leur production. La mélodie repose sur rien et ne peut mener qu’à une reprise soporifique. C’est maintenant prouvé. Comment oser s’attaquer à Bela Lugosi’s dead ? Pas qu’il s’agisse d’un sacrilège, loin de là même, mais ce morceau de Bauhaus remis au goût par maints sets electro est par trop décharné et répétitif. Il ne reste rien de bien passionnant (les Oh Bela de midinettes) une fois oté l’aspect lugubre du titre de base.

Il existe 8000 versions de Fade To Gray. Des Electro, Disco, New-Vave, Techno de feu rouge. On a donc droit à la variété accordéon. Mais cet instrument dans un but purement décoratif n’arrange rien. Le titre est tout nu et pas bien joli. C’est le risque de la tentative. Mais le but est ailleurs, j’en conviens.

Il faut bien avouer que certains titres me sont inconnus. Donc passent en tant que tels (le bon Ever Fallen In Love, Dance With Me du pas motivant Billy Idol), même si la bossa molle est un genre que j’abhorre en général. Let Me Go est à ce titre un peu au-delà de mes limites.
Vont-ils encore longtemps utiliser ce procédé ? Peut-être s’il y a une demande dans les bars lounge branchés (pléonasme ?) ou les cocktails de trentenaires. Le but de tout ceci est de toute façon éminemment ludique et je m’en veux un peu d’analyser tout ça avec un angle d’attaque aussi premier degré. On ne se refait pas. Un album de paresse rigolo quoiqu’il en soit. (M.)

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