mercredi 30 août 2006, par
Confirmation d’un talent maintenant certain. Nick Cave, sors de ce corps !
C’est à The Veils que je dois ma première découverte coup de cœur pour ce site. L’excellent The Runnaway Found était en effet un de mes albums favoris de 2004. Juste supplanté par un Franz Ferdinand en état de grâce. L’intensité, la chaleur, la rage parfois, tout était là. L’ange tutélaire du lyrisme était Jeff Buckley, pour la chaleur humaine exacerbée mais dénuée du pathos exagéré qui distingue les réussites des pleurnicheries. On attendait donc impatiemment le second album, encouragés par une bonne prestation dans un Pukkelpop cruel pour les groupes plus subtils (on pense à The Dears et autres Guillemots, mais comment fait Radiohead ?).
La figure auquel on pense immédiatement ici ne s’est pas noyée dans le Mississipi mais serait plutôt Nick Cave. Pour les orchestrations piano-guitare-violon, pour l’ampleur, pour l’entrain (sisi) de ces balades bien emmenées. Mais la voix est toujours aussi singulière et est tellement différente du ténébreux Australien (en passant, Finn Anthony est Néo-Zélandais) et personnalise d’autant plus The Veils et lui confère son intensité en toute circonstance. Les mélodies ne sont-elles non plus jamais oubliées, ce qui vu le style pratiqué, rend cet album aussi attachant. Et comme elles ne sont pas noyées dans de la mièvrerie à la Keane, on en profite vraiment.
Advice For The Mothers To Be pour sa part ressemble très fort à un ancien titre de Pulp, Countdown. De l’époque où les natifs de Sheffield pratiquaient une pop tordue et malsaine. Rien de pervers ici cependant, on a une balade positive. Dans le même ordre d’association inattendue, on pense déceler du Cure récent sur One Night On Earth.
Si la variété est moindre (pas de morceaux nettement au-dessus comme l’étaient The Leaver’s Dance et Lavinia), si les envolées lyriques ont disparu, on retrouve un rock de bastringue sombre mais pas étouffant, prenant sans être élégiaque. Et pouvant se risquer à une douceur qui se révèle pourtant si difficile à négocier (Under The Folding Branches).
Dans ce ciel tendu l’orage gronde toujours, quitte à exploser de temps en temps comme sur les déflagrations qui pourraient aussi être celles des Bad Seeds (Jesus For The Jugular, Nux Vomica, Pan) et créent une véritable tension. Or c’est l’intensité qui décide de l’intérêt d’un groupe. Si vous avez entendu des Coldplay récents vous voyez de quoi je parle. The Veils devient donc un groupe qui se ressent et accède directement à la catégorie des Black Heart Procession ou autres Wolf Parade par exemple. Le manque de points de comparaison est d’ailleurs symptomatique d’un ton bien à eux.
L’accès est un peu plus difficile vu qu’il n’y a pas de titre à mettre en avant. Ni à jeter, ce qui ne gâche rien. Dès le second album, The Veils a déjà évolué, trouvé un ton sans rien perdre de son intérêt. Si vous voulez mon avis, c’est la marque des tout grands. (M.)
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)
Un piano, une voix, voilà ce qui constitue le gros de ce premier album de l’Italien Michele Ducci. Mais il ne fait pas s’y tromper, celui qui était la moitié du groupe electro-pop M+A offre sur cette base un bel album d’une richesse réelle. Et surtout, on capte au passage quelques fort beaux morceaux.
Notre préférence va sans doute à la simplicité de River qui frappe juste, ou alors au sol (…)
Si après 15 années de Beak> et 5 albums, Geoff Barrow est toujours considéré comme ’le mec de Portishead’, que dire de Beth Gibbons qui s’est effacée de la vie publique depuis tant d’années ? Cette sortie a donc autant surpris qu’enchanté.
Fort heureusement, musicalement, ce Lives Outgrown ne tente pas de souffler sur les braises du trip-hop. Et c’est intentionnel. Le résultat est donc moins (…)